Suivi des Perspectives Économiques et Financières

Perspectives Économiques et Financières

Retrouvez notre analyse des marchés de la semaine du 12 novembre 2019

Dépréciations d’actifs à la hausse?

La médiatisation récente des dépréciations d’écarts d’acquisition a attiré notre attention. Pour rappel, l’écart d’acquisition correspond à l’écart de valorisation (ou de survaleur) qui apparaît l’année de la prise de contrôle d’une société, entre le prix d’acquisition des titres et la « juste valeur » des actifs et des passifs de la société acquise. La norme IFRS 3 prévoit de conduire des tests de dépréciation chaque année afin de constater éventuellement « un indice de perte de valeur » sur la base des flux de trésorerie attendus et actualisés en fonction des prévisions financières des entreprises. Le cabinet de conseil américain Duff & Phelps a réalisé une étude sur les dépréciations de survaleur concernant un périmètre regroupant les sociétés du CAC 40.

A l’échelle des trois dernières années, les dépréciations de survaleur ont connu un ralentissement jusqu’en 2017 (-33% entre 2016 et 2017, soit 3.6 Mds€) puis sont reparties en forte hausse en 2018 (9.8 Mds€). Premier constat, les dépréciations d’écarts d’acquisition se concentrent à 97% sur cinq secteurs en 2018 (cf. graphique en bas à gauche). Le secteur Banque/Assurance est le premier contributeur à ces dépréciations de survaleur puisqu’il totalise à lui seul 64% et provient de l’assureur français Axa. Cela s’explique par sa participation dans la filiale américaine d’assurance-vie introduite en bourse en 2018 et pour laquelle elle souhaite se désengager (la dépréciation de la survaleur reflète les incertitudes et la volatilité des marchés). D’autres entreprises viennent peser sur les dépréciations, notamment le géant des services pétroliers, le franco-américain TechnipFMC, sur fond de conditions économiques défavorables sur un secteur en difficulté (Energie et Electricité) où les prix de production de pétrole et gaz naturel en eaux profondes ont chuté. Enfin, le troisième contributeur à ces dépréciations est le spécialiste français des matériaux Saint-Gobain, dans un contexte d’inquiétudes exacerbées par les tensions liées au Brexit.

En soi, le montant global des dépréciations n’a pas sensiblement augmenté puisqu’il passe à 2.5% de la survaleur nette (avant dépréciation) contre 1% en 2017. Hors Axa, TechnipFMC et Saint-Gobain, les dépréciations d’écarts d’acquisitions ressortent à 3.5 Mds€ soit, à peu de choses près, le même montant qu’en 2017 ce qui ne permet pas de conclure d’une tendance dans la durée. Pourtant, les récentes incertitudes et tensions internationales ne devraient pas inciter les entreprises à tabler sur des prévisions financières très optimistes mais à l’inverse adopter des hypothèses de croissance plus prudentes. Refinitiv (fournisseur de données de marché) indique que la France a atteint son plus bas niveau de fusions et acquisitions depuis 2016, soit 75 Mds€ au 1er semestre 2019 (-31% depuis janvier). Ainsi, le montant global de la survaleur des entreprises du CAC 40 ne devrait pas progresser au même rythme qu’en 2018 sauf en cas d’acquisitions de taille très importante. La surveillance de l’évolution de ces survaleurs est un élément d’attention pour la gestion de nos portefeuilles.

"Les dépréciations de survaleur sont reparties en forte hausse en 2018"

 

Graph PEF 12112019 1

 

Graph PEF 12112019 2

 

Source: Duff & Phelps (2019)

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