"Le regard du gérant" - La hausse des droits de douane, un choc externe aux effets inégaux

Perspectives Économiques et Financières

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Peu d’évènements auront autant capté l’attention des investisseurs en 2025 que les scénarios de hausse des droits de douane entre les Etats-Unis et le reste du monde.

Depuis le « Liberation Day » du 2 avril, les marchés ont oscillé entre panique et déni, et c’est finalement la résignation qui l’a emporté lundi après l’annonce d’un accord entre Donald Trump et Ursula von der Leyen. Après une hausse initiale, les marchés ont finalement réagi de façon contenue au résultat d’une négociation que l’on peut considérer comme défavorable à l’Europe. Eviter le scenario du pire et la menace d’une guerre commerciale a brièvement rassuré les investisseurs, chaque exportateur européen devant maintenant compter ses pertes. 

Contrairement aux chocs externes usuels qui ont souvent un effet diffus sur l’économie, la hausse abrupte et conséquente des droits de douane engendre un impact très contrasté. Celui-ci varie selon les domaines d’activité et selon l’importance du segment d’exportation dans chaque pays. 

Là où les secteurs domestiques s’en sortent peu ou prou indemnes (services aux collectivités, services de télécommunication), d’autres secteurs sont lourdement impactés – leurs marges voire leur compétitivité étant remises en cause sur le marché américain. Citons notamment les valeurs du secteur automobile, fortement pénalisées par cette nouvelle taxation dans un secteur où le consommateur final est très sensible au prix, ou encore les biens d’équipement dont l’impact sera très variable selon l’exposition de chaque société et l’existence d’alternatives d’approvisionnement pour les clients américains. 

Boursièrement, cet effet discriminant a donc conduit à une forte dispersion de performances entre les secteurs. Certains d’entre eux comme celui de la santé n’ont d’ailleurs pas été inclus dans l’accord et feront l’objet de décisions séparées ce qui entretient le manque de visibilité pour les entreprises de ces secteurs. 

L’annonce d’un compromis à 15% s’il est définitif, va permettre aux entreprises de quantifier l’impact sur leurs résultats financiers pour celles qui sont concernées. Cependant, plusieurs facteurs d’incertitude demeurent et les conséquences ne seront ni immédiates ni linéaires. La capacité d’adaptation des entreprises va de nouveau être testée notamment dans la répercussion de ces hausses de droits de douane aux clients. Les délais vont varier selon les situations et pourraient engendrer des déceptions sur les prochains résultats. Le réaménagement des chaînes d’approvisionnement va prendre du temps, ce qui pourra dans un premier temps donner l’impression d’une inertie trompeuse. 

Nous décrivons dans nos Perspectives Economiques et Financières des rapports de force qui évoluent au niveau mondial conduisant à une réorganisation des échanges globaux et c’est pourquoi nous pensons que les sociétés qui investissent, qui disposent de barrières à l’entrée et qui ont la capacité de préserver leurs marges sauront mieux tirer leur épingle du jeu. Cette transformation mondiale ayant des effets inégaux, nous devrons continuer à rester vigilants et extrêmement sélectifs sur notre allocation sectorielle et notre choix de valeurs.

Rédigé par :
alice de charmoy

Alice DE CHARMOY

Gérante OPC Actions Europe