Environnement économique de novembre 2019
Retrouvez notre analyse mensuelle de l'environnement économique des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
EN BREF
Les données publiées à l’entrée du quatrième trimestre décrivent toujours un ralentissement de l’activité mondiale dans un contexte d’incertitude élevé. La demande interne est restée résiliente aux Etats-Unis et, dans une moindre mesure, en Zone euro. Dans le secteur manufacturier, plus exposé au commerce mondial, les perspectives demeurent moroses et ce même si les indicateurs prospectifs témoignent d’une stabilisation sur des niveaux dégradés. Les interrogations quant à l’avancée des négociations commerciales sino-américaines restent entières alors que les Etats-Unis ont adopté une loi de soutien aux manifestants Hongkongais. Sur le marché des changes, l’euro a reculé de 1,54% contre dollar et termine le mois à 1,098 dollar pour un euro. Le prix du baril de Brent progresse de 0,9% à 62,4 dollars.
Aux Etats-Unis, la demande interne est restée dynamique comme l’illustre la bonne tenue des indicateurs de confiance du secteur des services à l’entrée du quatrième trimestre. La consommation des ménages, bien que légèrement moins dynamique en octobre, demeure par ailleurs bien orientée, portée par un marché du travail tendu et une confiance historiquement élevée. Enfin, les signaux d’amélioration du secteur immobilier se poursuivent dans un contexte de taux bas. En revanche, la situation de l’industrie manufacturière apparaît plus mitigée. Les indicateurs de confiance, dont les évolutions ont divergé au cours des derniers mois, décrivent une stabilisation sur des niveaux dégradés, renvoyant à une stagnation, voire à une légère contraction, de l’activité. Sur le plan monétaire, les minutes de la réunion du mois d’octobre confirment la volonté de la Fed de procéder à une pause de l’assouplissement monétaire. La plupart des participants estiment désormais qu’une réévaluation significative des perspectives économiques serait nécessaire pour que la Fed modifie son orientation actuelle. Au niveau politique, le mois a été marqué par la promulgation par D. Trump d’une loi de soutien aux manifestants pro-démocratie à Hong-Kong, provoquant des promesses de représailles de la part de Pékin et renforçant, un peu plus, les incertitudes autour des négociations commerciales.
En Zone euro, la croissance de l’activité a été portée par la consommation des ménages, principale contributrice à la croissance des pays de la région au troisième trimestre. En Allemagne, la résilience de la demande interne a permis à la croissance de ressortir en légère hausse sur la période. Elle n’en demeure pas moins très faible (+0,1% sur le trimestre). La confiance dans le secteur des services, quoiqu’en ralentissement, a continué de faire preuve de résilience tandis que celles des consommateurs et des détaillants sont demeurées historiquement élevées. Dans le secteur manufacturier, qui fait face à de nombreux obstacles depuis le début de l’année, le PMI s’est stabilisé sur des niveaux encore fortement dégradés. En dépit du ralentissement en cours, le taux de chômage est resté relativement stable pour le septième mois consécutif, aux alentours de 7,5%. Les perspectives à court terme restent moroses. La Commission Européenne, dans ses dernières prévisions, n’anticipe ni récession, ni rebond mais une stagnation de l’économie sur des niveaux de croissance relativement faibles. Sur le plan politique, les élections législatives espagnoles se sont soldées par un léger recul du parti socialiste espagnol (PSOE) et par une forte hausse du parti d’extrême droite Vox, au détriment du parti d’extrême gauche Podemos et du parti centriste Ciudadanos. Dans ce nouveau parlement, il apparaît difficile pour le PSOE de former une coalition de gouvernement sans le soutien des partis régionalistes. Au Royaume-Uni, les indicateurs de confiance publiés sur le mois s’affaissent nettement et témoignent des difficultés d’une économie en proie aux incertitudes. Dans ce contexte, certains membres de la Banque d’Angleterre (2 sur 9) ont voté en faveur d’un assouplissement lors du dernier comité. Au niveau politique, le parti Conservateur a conservé son avance sur le parti Travailliste dans les sondages en vue des élections du 12 décembre.
En Chine, le ralentissement de l’activité se poursuit comme en témoignent les mauvais chiffres conjoncturels (investissement, production et ventes au détail). La dynamique du commerce reste par ailleurs affectée par les mesures tarifaires américaines. Dans ce contexte, la banque centrale poursuit son assouplissement modeste et graduel de la politique monétaire. Au Japon, la croissance a ralenti au troisième trimestre 2019 pour atteindre 0,1% en rythme trimestriel, principalement en raison des faiblesses des dépenses des consommateurs, et ce en dépit des effets exceptionnels en amont de la mise en place de la TVA au 1er octobre.
Pierre Bossuet
Analyste macroéconomique
Le 4 décembre 2019