Suivi des marchés de la semaine
Découvrez et téléchargez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine du 20 avril
Pétrole
En atteignant des prix négatifs ce lundi, le prix du contrat « mai 2020 » du baril WTI traduit un niveau de surproduction beaucoup trop élevé au regard des capacités d’absorption des acteurs et une dislocation de ce marché devenu extrêmement financiarisé. Côté demande, le diagnostic est sans appel : les besoins de pétrole se sont effondrés avec les mises à l’arrêt de nombre de manufactures et surtout le ralentissement sévère des flux d’échanges des biens et des personnes. On se souviendra que le transport (routier, maritime et aérien) représente les 2/3 de la consommation de pétrole. Ainsi, l’Agence Internationale de l’Energie a prévu une demande quotidienne en baisse de 30% à 29Mb/jour en avril. Côté offre, la contraction de près de 10Mb/jour de l’OPEP et de la Russie et l’engagement politique de pays producteurs non membres d’agir sur leurs compagnies privées n’a pas suffi à résorber l’état de surproduction qui affecte ce marché. Plus grave, les capacités de stockage sont déjà saturées un peu partout autour du globe et les réserves stratégiques nationales bien remplies.
Le marché est devant un tel problème de capacité physique de stockage que le Département de l’Energie américain réfléchit à un programme de paiement des foreurs américains à la condition qu’ils laissent le pétrole dans le sol! Ces hydrocarbures resteraient ainsi dans ces « réserves prouvées » et n’iraient pas prendre les tous derniers espaces de stockage dans les tankers, les camions ou les wagons à quai. Une façon, aussi, pour les Etats-Unis de ne pas renoncer à leur indépendance énergétique et diplomatique.
Alors pourquoi le pétrole est-il une clé de lecture importante à suivre au moment où les organisations sont bouleversées ? Depuis les années 1970, et plus encore depuis la chute du mur de Berlin, l’échange a été pensé comme le moyen de se développer avec harmonie. Dans ce cadre, le cercle vertueux des transferts de richesse est apparu comme une explication de la croissance mondiale. Les réflexions de nos Perspectives Economiques et Financières ont donc placé l’observation de ces transferts dans leur travaux sur la compréhension du monde, en l’inscrivant en 2011 dans une notion de régionalisation. Or le recours éventuel par les Etats à la planification, la distinction entre secteurs stratégiques ou la nouvelle appréciation de l’indépendance ou de la souveraineté comme priorité pourraient rebattre les cartes des politiques nationales. Autant de nouvelles conditions pour décrypter au mieux l'environnement pétrolier de demain.
"Un problème de capacité physique de stockage"
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