Les conséquences des attaques contre des installations pétrolières en Arabie Saoudite
La géopolitique se rappelle aux marchés. A l’heure où chacun s’interroge sur les interventions des banques centrales, ce sont bien des considérations d’ordre géostratégique qui ébranlent les indices financiers aujourd’hui.
Un événement majeur dans l’histoire du pétrole qui traduit l’extrême tension du monde
La géopolitique se rappelle aux marchés. A l’heure où chacun s’interroge sur les interventions des banques centrales, ce sont bien des considérations d’ordre géostratégique qui ébranlent les indices financiers aujourd’hui. La baisse des marchés apparaît d’ailleurs plus que contenue alors que s’est cristallisé l’affrontement majeur entre deux parties antagonistes, les Etats-Unis et ses alliés face au bloc que semblent vouloir former la Chine, la Russie, l’Iran et la Turquie. Les marchés semblent ignorer la dangerosité qui pèse sur la paix, élément pourtant indispensable à toute croissance pérenne.
L’Arabie Saoudite, acteur essentiel de la filière, a perdu près de 50% de sa production à 5 millions de barils par jour (Mbj). Les capacités excédentaires mobilisables rapidement dans le monde sont estimées à 3 Mbj, hors Iran. Or, sur ces 3 Mbj, 2Mbj sont en Arabie Saoudite et ne seront pas réellement mobilisables compte tenu des dégâts sur la chaîne avale saoudienne ! Le marché ne pourra donc compter suppléer qu’à 20% de l’offre disparue si la situation demeurait.
Quid des stocks ? Ils existent notamment chez les pays producteurs et chez certains Etats à travers l’entretien de réserves stratégiques. On les estime respectivement à 1.1 et 1.2 milliards de barils. Mais il est à craindre que la demande s’accélère par le biais d’achats de précaution provoquant un effet inverse entre un déstockage chez les producteurs et un stockage chez les grands pays consommateurs, émergents notamment. Tout va dépendre du temps de récupération. Une chose certaine, l’équilibre du marché ne peut supporter qu’il soit long, les stocks étant sur leur moyenne à 5 ans, normalisés par la politique de l’OPEP.
C’est un événement historique pour le marché du pétrole. Il l’est aussi pour le royaume saoudien qui venait de finaliser le choix de ses banquiers pour mener la plus grosse introduction en bourse avec Aramco. C’est en effet un coup dur porté sur ce qui doit constituer le socle financier des réformes saoudiennes au lendemain des tout derniers remplacements opérés au ministère de l’énergie du pays. Il n’est pas sûr que cette attaque renforce les oppositions internes de l’Etat saoudien. En revanche, elle pourrait retarder les différentes aides promises aux pays arabes et africains amis.
L’Arabie Saoudite avait confirmé cet été qu’elle était prête à défendre le cours du baril et dont l’objectif semblait être 60-65$. En revanche, à plus de 80$, elle considère que cela encourage à la fois les énergies alternatives et les offres de pétrole de schiste concurrentes et freine aussi la demande finale de manière durable. Il faut rappeler que la Chine est le premier importateur mondial de pétrole dont les deux premiers fournisseurs sont la Russie (15.8% de leurs importations) et l’Arabie Saoudite (11.4%)… l’Iran contribuant à 6.3% ! Cette hausse du pétrole est d’ailleurs un événement de nature à l’affaiblir dans ses négociations avec les Etats-Unis alors que le yuan s’est déprécié et que le dollar se renforce de concert avec le prix du baril.
Ce sont donc bien les acteurs américains du pétrole de schiste qui reçoivent un ballon d’oxygène transitoire alors que nous évoquions nos inquiétudes face aux défaillances de petites compagnies cet été, submergées par leurs besoins de refinancement.
Les portefeuilles de Covéa Finance sont positionnés essentiellement sur des producteurs intégrés globaux et devraient profiter de la spéculation autour des valeurs du secteur. Plus largement, nos prochaines Perspectives Economiques et Financières d’octobre se pencheront sur la déflation rampante au sein des économies occidentales : si la hausse du pétrole perturbera les réflexions des banques centrales en matière de mesure d’inflation, nous continuons de penser qu’elle participera surtout à renforcer la déflation
des revenus par la perte de pouvoir d’achat induite par la hausse du coût de cette consommation contrainte.
Rédigé par
Francis Jaisson
Directeur général délégué en charge de l’ensemble des Gestions, de la Commercialisation, de la Négociation et de l’ensemble des Recherches
Le 16 septembre 2019
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