Environnement économique - Janvier 2025

Environnement économique

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Trump 2.0 : les prémices d’une nouvelle guerre commerciale ?

Nos perspectives économiques et financières

Notre analyse sur les moteurs et leviers de croissance des États-Unis, de la France et de l’Allemagne a confirmé plusieurs avantages économiques des États-Unis, fondés sur un accès facilité aux ressources humaines, financières et liées aux matières premières. Ces avantages permettent aux États-Unis de déployer une politique industrielle volontariste. L’Europe, avec des ambitions similaires, est limitée par son manque d’accès aux ressources, un environnement politique complexe et de faibles marges de manœuvre budgétaires. L’inflation ralentit temporairement, permettant aux banques centrales de baisser les taux directeurs. Toutefois, des pressions inflationnistes se maintiennent, surtout aux Etats-Unis, en lien avec la boucle prix/salaire, l’escalade des tensions géopolitiques et les plans de relocalisation industrielle qui en découle.

Dès le 20 janvier, jour de son investiture, le 47ème Président des Etats-Unis Donald Trump a signé plusieurs décrets présidentiels définissant ses priorités (contrôle de l’immigration, développement des énergies fossiles, restrictions commerciales, …). La hausse des droits de douane à l’encontre de ses principaux partenaires commerciaux, annoncée à la fin du mois, augmente l’incertitude pour l’année à venir. Du côté des banques centrales, la Réserve Fédérale maintient un ton prudent tandis que la Banque centrale européenne poursuit ses baisses de taux. La Banque du Japon demeure à contre-courant et maintient le cap de la normalisation de sa politique monétaire. Sur le marché des changes, l’euro s’est très légèrement apprécié de 0,04% sur le mois contre le dollar, à 1,0393. Le prix du baril de Brent a progressé de 2,8% par rapport au mois précédent, à 76,78$.

ameriqueAux États-Unis, le nouveau Président Donald Trump commence la mise en œuvre de son programme et confirme l’introduction de nouveaux droits de douane. Ils atteindront 25% pour les marchandises importées du Mexique et du Canada (mais 10% pour les biens énergétiques canadiens) tandis que les biens en provenance de Chine seront visés par un droit de douane supplémentaire de 10%. Ces mesures s’appliqueront dès le 4 février. Bien que l’Union européenne n’ait pas encore été officiellement visée par une hausse des restrictions commerciales, Donald Trump a indiqué son intention de vouloir augmenter les droits de douane pour les biens en provenance du Vieux continent. Alors que la politique du nouveau Président élu ajoute de l’incertitude pour l’année à venir, la Réserve Fédérale a laissé son taux directeur inchangé dans la fourchette [4,25%, 4,5%], en raison de risques jugés équilibrés. L’inflation est en effet en hausse en décembre, à 2,9% (malgré le léger fléchissement de l’inflation sous-jacente à 3,2%), tandis que les créations d’emplois demeurent dynamiques (256 000 emplois créés en décembre). Concernant l’activité économique, la croissance américaine est restée solide au quatrième trimestre (+0,6% en glissement trimestriel), portée une nouvelle fois par le dynamisme de la consommation des ménages.

EuropeAu Royaume-Uni, les risques de boucle prix-salaire demeurent importants. Malgré le recul encourageant de l’inflation à 2,5% en décembre, porté notamment par le ralentissement de la croissance des prix dans les services, il est encore trop tôt pour être certain que l'inflation dans les services va baisser de manière durable. La croissance des salaires a en effet de nouveau accéléré en novembre, tandis que les entreprises interrogées dans l’enquête PMI du mois de janvier ont fait part de leurs craintes concernant l’augmentation des cotisations patronales, qui interviendra au printemps, et de son impact sur le coût du travail.

En zone euro, la Banque centrale européenne a procédé à une cinquième baisse de ses taux directeurs, ramenant le taux d’intérêt de sa facilité de dépôt de 3,00% à 2,75%. Les banquiers centraux européens demeurent confiants sur l’atteinte de leur objectif d’inflation ces prochains mois, notamment grâce à l’impact favorable sur les prix des services du ralentissement attendu des salaires. Néanmoins, face à l’incertitude sur la politique économique et commerciale de l’administration Trump et à ses conséquences potentielles sur l’activité et l’inflation en zone euro, le Conseil des gouverneurs préfère ne pas s’engager sur l’avenir et en reste à des prises de décisions « réunion par réunion ». Concernant l’activité, la conjoncture reste morose en zone euro, comme l’illustre la stagnation du PIB au quatrième trimestre. Les divergences entre pays demeurent importantes : alors que l’Allemagne et la France enregistrent un recul du PIB au quatrième trimestre (par rapport au trimestre précédent), la dynamique de croissance demeure très favorable en Espagne (+0,8% en glissement trimestriel). Par ailleurs, la Commission européenne a dévoilé sa « Boussole pour la Compétitivité ». Il s’agit d’une feuille de route sur cinq ans qui vise à combler le retard européen en termes de compétitivité. 

AsieEn Chine, l’objectif de croissance annuelle à 5% en 2024 a été atteint. Cela représente néanmoins un point bas de trois décennies (hors période pandémique). Une partie de la croissance a été tirée par l’excédent commercial, qui atteint un niveau historiquement haut en décembre à 104,8Mds$. Le rebond des exportations chinoises sur la fin d’année pourrait refléter la volonté des exportateurs de réaliser leurs expéditions avant l’entrée en vigueur des hausses de droits de douane américains. Au Japon, la Banque centrale maintient le cap de la normalisation de sa politique monétaire. La Banque du Japon (BoJ) a en effet relevé son taux directeur de 25 points de base, à 0,5%, et les discours des banquiers centraux suggèrent que d’autres hausses de taux sont à venir. Par ailleurs, l’enquête PMI de janvier rapporte un creusement de la dichotomie entre dynamisme des services et dégradation de l’industrie.

 

Sources des données : Datastream, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Office for National Statistics, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China. 

Rédigé par

Eloïse GIRARD-DESBOIS 
Économiste 
Le 3 février 2025