Environnement économique - Septembre 2021
Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de septembre 2021 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
Nos perspectives économiques et financières
A la mi-2020, nous avons souligné le risque de poches de dépression consécutif à la mise à l'arrêt d'économies déjà fragiles. L’ampleur des plans de relance budgétaire, notamment américain, et des politiques monétaires toujours plus accommodantes questionnent toutefois cette hypothèse. Dans ce contexte, une analyse fine de ces mesures sera nécessaire pour vérifier la capacité des Etats à éloigner ces risques de dépression, y compris lorsque ces dispositifs de soutien extraordinaire arriveront à leur terme. Dans le cadre de nos perspectives de juin 2021, nous nous sommes attachés à analyser les plans des trois grandes zones économiques et à comprendre quelle part la politique énergétique y prend, un secteur déterminant pour la souveraineté des Etats et aux effets multiplicateurs importants sur les tissus industriels, avec parmi eux, le secteur automobile.
Le dilemme des banquiers centraux face aux pressions inflationnistes
Au mois de septembre, la vigueur de l’inflation alerte les banquiers centraux alors que les incertitudes se renforcent quant au caractère durable des tensions sur les prix. L’intensification de ces pressions inflationnistes pourrait se traduire par une réduction plus rapide qu’anticipé du soutien monétaire aux économies. Aux Etats-Unis, les négociations sur le plan d’infrastructures de 1000 Mds$, le plan de dépenses sociales et environnementales de 3500 Mds$ et le relèvement du plafond de la dette restent dans l’impasse. Sur le plan politique, les résultats de l’élection générale allemande ne permettent pas encore de déterminer l’identité du futur Chancelier qui gouvernera la coalition tripartite actuellement en négociation. Au Japon, le Parti Libéral Démocrate (PLD) a choisi Fumio Kishida pour prendre sa tête et succéder à Yoshihide Suga au poste de Premier ministre. Sur le marché des changes, l’Euro a reculé face au dollar, s’établissant à 1,1579 dollar pour un euro, soit –2,5% sur le mois. Le prix du pétrole Brent enregistre une hausse de 7,6% et s’établit à 78,52 dollars le baril.
Aux Etats-Unis, la reprise économique se poursuit, ouvrant la voie à une diminution de l’assouplissement monétaire. Lors de sa réunion de septembre, le comité de politique monétaire (FOMC) a indiqué une probable décision sur la réduction du rythme des achats d’actifs lors de la réunion du 3 novembre avec une fin des achats qui pourrait intervenir dès mi-2022 selon Jerome Powell. En outre, les prévisions individuelles des membres du FOMC indiquent que le redressement des taux directeurs pourrait intervenir plus vite que prévu en juin dernier. Cette trajectoire plus restrictive reflète l’évolution de la perception du FOMC quant à la dynamique de l’inflation (5,3% en août) qui pourrait être plus lourdement et durablement affectée par les contraintes pesant sur l’offre (goulets d’étranglement, difficultés d’embauche) qu’initialement anticipé. Néanmoins, la Réserve Fédérale a souhaité conserver une certaine prudence en maintenant le statu quo en septembre afin de ne pas entraver la reprise de l’économie et, en particulier, de l’emploi dont le redressement s’est avéré timide en août (+235 000 postes) après l’euphorie de juillet (+1 053 000 postes). L’activité a en effet été freinée par la propagation du variant delta et les contraintes sur l’offre. Sur le plan budgétaire, le Congrès a voté un budget provisoire pour financer l’Etat jusqu’au 3 décembre 2021, évitant ainsi la fermeture partielle du gouvernement fédéral sans résoudre les problématiques de fond. En effet, l’aile progressiste des démocrates refuse encore de voter le plan d’infrastructures de 1000 Mds$ tant que des engagements clairs en faveur du plan de dépenses sociales et environnementales de 3500 Mds$ n’ont pas été pris. Ce second plan est toujours rejeté par les Républicains et une partie des Démocrates. En outre, le bras de fer se poursuit entre démocrates et républicains pour voter le relèvement ou la suspension du plafond de la dette alors que la Secrétaire au Trésor Janet Yellen a prévenu que le Trésor ne serait plus en mesure d’honorer les paiements de l’Etat fédéral au-delà du 18 octobre.
Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre adopte un ton plus restrictif face aux tensions inflationnistes. Les membres du Comité de politique monétaire mettent en particulier l’accent sur les risques haussiers sur les prix de l’électricité qui pourraient impliquer un dépassement durable de la cible, dans un contexte de marché du travail tendu et de fortes contraintes sur l’offre. En dépit d’une révision à la baisse de ses projections de croissance, les membres estiment que les développements économiques récents renforcent la probabilité d’une hausse du taux directeur.
En Zone euro, la reprise économique semble avoir atteint son point haut en juillet avant de s’essouffler progressivement, entre normalisation de la demande et contraintes sur l’offre. En effet, l’enquête PMI rapporte une expansion toujours marquée de l’activité mais qui reste bien inférieure à celles enregistrées durant l’été – une modération qui s’observe à la fois dans les services et dans l’industrie. En dépit de cet affaiblissement, les tensions inflationnistes restent marquées, en particulier du fait de la vigueur des prix de l’énergie (+17,4% en septembre en GA) alors que les incertitudes se renforcent quant au caractère temporaire de la hausse des prix. Sur le plan monétaire, la BCE a annoncé une réduction de son rythme d’achats d’actifs dans le cadre de son programme PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme) afin de rester dans le cadre de l’enveloppe de 1850 Mds€ jusqu’à la fin du programme qui est prévue en mars 2022. Le Conseil des gouverneurs n’a toutefois pas communiqué sur une éventuelle évolution de ses outils une fois que le PEPP arrivera à son terme. En effet, si les perspectives d’inflation de la BCE ont été revues à la hausse en septembre, elles restent loin de la cible de 2% à moyen terme. Enfin, le mois de septembre a été marqué par l’élection générale allemande dont les résultats ne permettent pas encore de déterminer l’identité du futur chancelier. Si le parti socio-démocrate (SPD), mené par le ministre des Finances Olaf Scholz, est arrivé en tête avec 25,7% des suffrages devant la CDU/CSU (24,1%), les Verts (14,8%) et le FDP (11,5%), des négociations se tiendront dans les prochaines semaines/mois pour définir une coalition gouvernementale tripartite.
En Chine, les indicateurs économiques pour le mois d’août confirment la poursuite du ralentissement de l’économie. Cette faiblesse s’étend à l’ensemble des principaux moteurs de l’économie chinoise – à l’exception des exportations. En particulier, la demande reste affectée par les restrictions sanitaires localisées mises en œuvre au cours de l’été alors que l’investissement manufacturier souffre de la hausse des prix de production et des restrictions gouvernementales sur les industries polluantes. Sur le plan international, la Chine a officiellement fait acte de candidature pour rejoindre l’accord de libre-échange transpacifique CPTPP.
Au Japon, la demande domestique reste pénalisée par les restrictions gouvernementales (l’état d’urgence a été prolongé sur tout le mois de septembre) mais des améliorations dans les chiffres sanitaires sur la fin de l’été bénéficient aux services alors que l’industrie manufacturière souffre des contraintes d’approvisionnement. Sur le plan politique, l’ancien ministre des Affaires étrangères de S. Abe, F. Kishida, s’est imposé à la tête du parti Libéral Démocrate lors d’un scrutin interne. F. Kishida succédera à Y. Suga à cette fonction, le plaçant en bonne position pour remporter les élections législatives générales qui doivent se tenir d’ici la fin du mois de novembre.
Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, Markit, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.
Rédigé par
Louis MARTIN
Analyste économique
Le 04 octobre 2021