Environnement économique Avril 2021
Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois d'avril 2021 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
Nos perspectives économiques et financières
Le choc récessif lié à la crise sanitaire vient s’appliquer sur des fragilités majeures, pré-identifiées dans nos Perspectives Economiques et Financières : dettes des agents publics et privés, structures des revenus et inégalités, remise en cause de la mondialisation fondée sur le multilatéralisme et chocs politiques et géopolitiques. La crise du covid-19 et les réponses politiques apportées ont exacerbé les divergences. Le déplacement du centre de gravité économique mondial vers l’Asie en sort renforcé. Le très haut degré d’incertitude entourant l’évolution de la situation sanitaire ne permet pas d’écarter un scénario de dépression.
L’écart se creuse entre l’Europe et les Etats-Unis
Au mois d’avril, les données publiées sur la période illustrent le retard pris par la Zone euro vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine, tant sur le plan sanitaire qu’économique. Au premier trimestre 2021, l’activité en Zone euro recule ainsi de 0,6% par rapport au trimestre précédent tandis qu’elle croît de 1,6% aux Etats-Unis et de 0,6% en Chine. La campagne de vaccination européenne demeure par ailleurs largement à la traîne relativement au voisin américain. Les divergences apparaissent également au niveau budgétaire. Alors qu’en Zone euro, le plan de relance de l’Union Européenne a dû faire face à des obstacles juridiques, le président américain a dévoilé le deuxième volet de son plan de relance, pour un montant de 1800 Mds$, soit un total de 4000 Mds$ environ. Sur le marché des changes, l’Euro s’est apprécié de 3% face au dollar à 1,208 dollar pour un euro. Le prix du pétrole Brent enregistre une hausse de 5,8% et s’établit à 67,3 dollars le baril.
Aux Etats-Unis, les données publiées sur la période font état d’un rebond marqué de l’activité économique au cours du premier trimestre à la faveur de l’amélioration de la situation sanitaire et d’un soutien budgétaire renforcé. Le PIB enregistre ainsi une croissance de 1,6% en glissement trimestriel, après 1,1% au quatrième trimestre 2020. En rythme annuel, le PIB renoue avec la croissance à 0,4% et n’est plus inférieur que de 0,9% à son niveau pré-pandémie de fin 2019. Le marché du travail poursuit également son amélioration. Au mois de mars, les créations de postes ont atteint 916 000 emplois sur le mois, soit la plus forte progression mensuelle depuis août dernier. Malgré ce dynamisme concomitant à l’amélioration de la situation sanitaire, le marché du travail reste convalescent. Près de 8,5 millions de postes n’ont toujours pas été recréés depuis la chute enregistrée au printemps 2020. L’accélération de l’activité devrait se poursuivre, les indicateurs de climat des affaires atteignent ainsi des nouveaux points hauts en avril. Du côté de la politique monétaire, le FOMC n’a pas changé la fourchette cible du taux directeur, ni le rythme des achats d’actifs. Malgré les progrès sur le plan économique, Jerome Powell a déclaré clairement qu’il était encore trop tôt pour discuter d’une réduction des achats d’actifs. Au niveau budgétaire enfin, le Président Joe Biden a présenté à l’occasion des 100 jours de son mandat, le deuxième volet de son plan de relance, après celui de 2250 Mds$ dédié aux infrastructures dévoilé fin mars (American Jobs Plan). La nouvelle proposition (American Families Plan), axée sur l’éducation et la politique familiale, prévoit 1800 Mds$ de dépenses supplémentaires sur 10 ans.
En Zone euro, l’activité recule de 0,6% au premier trimestre, sous l’effet des mesures de restriction mises en place à travers les pays pour faire face à la dégradation de la situation sanitaire. Ainsi, le PIB enregistre une baisse trimestrielle de 1,7% en Allemagne, de 0,5% en Espagne et de 0,4% en Italie. Seule la France voit son économie croitre (+0,4%) sur la période, en lien notamment avec un confinement plus tardif (20 mars). Ce repli de l’activité montre ainsi que, près d’un an après le début de l’épidémie, l’économie reste encore largement tributaire des évolutions sanitaires. En la matière, les campagnes de vaccination au sein de l’Union Européenne demeurent à la traîne relativement aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Les mesures de confinement, encore en vigueur au mois d’avril resteront par ailleurs un frein à l’activité. Les indicateurs de climat des affaires pour le mois d’avril apparaissent toutefois bien orientés. Le secteur manufacturier, en particulier, fait preuve d’un grand dynamisme et profite d’une demande élevée. Le climat des affaires dans le secteur des services et de la distribution apparaît par ailleurs en voie de normalisation. Les perspectives demeurent toutefois incertaines. Si le taux de chômage et les défaillances restent pour l’instant contenus, les conséquences d’une levée des mesures de soutien demeurent une source d’interrogation majeure. Du côté de la politique monétaire, la BCE a maintenu le statu quo lors de sa réunion d’avril. Les achats d’actifs réalisés par la BCE se poursuivront donc à un rythme plus rapide que celui observé sur le premier trimestre de 2021, dans la continuité des décisions prises lors de la réunion de mars. Pour la présidente, Christine Lagarde, la question de la normalisation de la politique monétaire n’a pas été abordée lors de la réunion car jugée trop prématurée. Enfin, au niveau politique, la Cour constitutionnelle allemande a finalement autorisé la ratification du plan de relance européen par les autorités allemandes. La Cour se prononcera toutefois ultérieurement sur une éventuelle violation du droit allemand.
Au Royaume-Uni, l’activité renoue avec la croissance au mois de février et progresse, selon l’indice mensuel du PIB, de 0,4% par rapport au mois précédent après un recul de 2,2% en janvier. En dépit des mesures de confinement strict mises en place le mois précédent, l’activité fait preuve de résistance et montre ainsi une forme d’adaptation des agents économiques. Par secteur, la hausse de l’activité se concentre dans l’industrie manufacturière et la construction tandis que le secteur des services n’enregistre qu’une hausse marginale. Du côté du commerce extérieur, les flux commerciaux se reprennent après la baisse historique observée le mois précédent à l’occasion de la fin de la période de transition.
En Chine, les données publiées sur la période attestent de la poursuite de la reprise de l’économie chinoise. Le PIB du 1er trimestre 2021 est ainsi supérieur de 10,3% à son niveau du 1er trimestre 2019, ce qui correspond à un rythme annuel moyen de 5,0%, un rythme encore légèrement inférieur à la croissance tendancielle du PIB sur la période récente. Sur l’ensemble du trimestre, la croissance demeure avant tout tirée par les exportations et la production industrielle, comme lors de l’année 2020. Toutefois, les indicateurs d’activité mensuels font état d’un rééquilibrage graduel de l’économie, avec une accélération des ventes au détail au mois de mars. Au Japon, le gouvernement a mis en place un nouvel état d’urgence « court, puissant et ciblé » dans les préfectures de Tokyo, d’Osaka, de Hyogo et de Kyoto pour faire face à la dégradation de la situation sanitaire. Enfin, la Banque du Japon (BOJ) a laissé son taux d’intérêt directeur inchangé à –0,1% lors de sa réunion de politique monétaire du 26-27 avril.
Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, Markit, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.
Rédigé par
Pierre Bossuet
Analyste économique
Le 5 mai 2021