Edito - Novembre 2023
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Une économie imprédictible
Certains d’entre nous se souviennent de leur cours d’économie où ils ont appris les « règles de l’économie » ?
Les noms comme Keynes, Milton Friedman et plus loin dans l’histoire, Ricardo ou Jean Baptiste Say ont accompagné les étudiants.
Ce qui sous tendait la réflexion de ces économistes, c’est que des mécanismes étaient à l’œuvre pour réguler l’économie. Soit des automatismes (la main invisible d’Adam Smith), soit des déterminismes « mathématiques » (la théorie quantitative de la monnaie de Milton Friedman).
John Maynard Keynes, quant à lui, considérait que la demande globale est le premier moteur de l’économie et que l’État, par son intervention, peut permettre d’atteindre le plein emploi et la stabilité des prix.
« Mais John Kenneth Galbraith disait aussi : « il y a deux types de prévisionnistes. Ceux qui ne savent pas et ceux qui ne savent pas qu’ils ne savent pas. » Cette phrase est à méditer car clairement le comportement de l’économie et des marchés nous font prendre conscience qu’on ne sait pas et que la théorie économique est bien impuissante à prévoir la réalité économique. »
Prenons l’inflation. La hausse des taux, très violente au demeurant, aurait dû avoir raison de l’inflation. Ce n’est pas le cas, même si on observe un certain ralentissement. Mais comment la hausse des taux peut-elle être suffisamment opérante lorsque l’on vit dans une économie de guerre, économique et militaire, qui pousse les États à dépenser de plus en plus ?
La récession aux États-Unis est annoncée depuis 18 mois, devant, elle aussi, être une résultante de la baisse de la consommation consécutive à la hausse des taux. Elle surviendra peut-être, mais avec un tel retard que les gérants obligataires qui ont joué l’aplatissement voire l’inversion des courbes de taux en ont été pour leurs frais, l’exemple de la Société Générale étant là pour le prouver.
En réalité, ce qu’on oublie, à une époque où on a réduit l’économie à des équations, c’est que ce n‘est pas une science, ou si elle l’est, c’est une science sociale, c’est-à-dire la résultante de multitude de comportements. Le schéma est aujourd’hui brouillé, entre des banques centrales qui ont déformé le fonctionnement des marchés, des États qui veulent reprendre le pouvoir et des intérêts géopolitiques qui s’opposent. La demande globale chère à Keynes est de plus en plus difficile à appréhender.
Rédigé par
Lucile LOQUÈS
Directrice du pôle Actions Internationales
Le 15 novembre 2023
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