Edito - Février 2022

Edito

Temps de lecture : min

Après bien des échanges et des controverses, le gaz et le nucléaire ont été introduits dans la taxonomie européenne comme énergie de transition.

Il s’agit d’un grand revirement puisque ces deux énergies étaient à l’origine totalement exclues ;  la première car, même si son taux d’émission est inférieur à celui du charbon, elle reste une énergie fossile. En ce qui concerne la seconde, le sujet est plus ambigu.

Par construction, le nucléaire est propre au sens de de la production de CO2 mais l’opposition allemande (l’Allemagne ayant décidé de sortir du nucléaire après l’accident de Fukushima), a bloqué pendant longtemps l’inclusion de cette énergie dans le mix énergétique.

Alors, que s’est-il passé ?

Une hausse fulgurante du prix du gaz en 2021, hausse qui se poursuit en 2022. Elle s’accompagne, en raison de mécanisme de construction des prix de l’électricité basé sur le prix du gaz, d’une envolée concomitante des prix de l’électricité.

Cette problématique du gaz a des origines multiples :

  • Un changement des modes de contractualisation voulu par l’Union Européenne (de contrats fixés à long terme vers des contrats « spots »).
  • Une demande exacerbée par la baisse de la production d’électricité issue des énergies renouvelables en Allemagne (en particulier  dans l’éolien dû à l’absence de vent qui a réduit la production d’électricité éolienne de 11%) et les difficultés du nucléaire en France.
  • Mais aussi des difficultés d’approvisionnement avec le retard dans la signature de l’accord  avec « Gazprom », la règlementation européenne exigeant que la société se mette au préalable en conformité avec les règles européennes

« Il est évident que le conflit autour de l’Ukraine ne fait qu’exacerber la situation »

Lucile Loquès

Cela paraît contre intuitif d’ouvrir la porte au gaz alors que les prix sont à ce point tirés à la hausse. Mais l’Union européenne fait aussi face à un autre défi : comment atteindre les objectifs de transition énergétique tels qu’ils ont été définis sans le gaz, alors que le monde souffre de pénuries (incapacité à obtenir les éléments nécessaires à la production de véhicules électriques) et que la technologie de stockage d’électricité « verte »n’est pas encore au point ?

Une autre problématique se profile dans un horizon pas si lointain (2024 voire 2025). A cette échéance, il est à craindre que la production des matières premières nécessaires à la transition énergétique soit empêchée par l’insuffisance des investissements (cuivre, lithium, aluminium, palladium…), avec les effets à prévoir  sur les prix de ces matières…et sur ceux de l’énergie verte.

De plus, l’Europe ne produit aucune de ces matières premières. Elles sont concentrées en Amérique du Nord, en Australie, en Russie et dans certains pays émergents (Chili, Afrique du Sud…).

De ce fait, l’Union européenne va remplacer une dépendance à l’énergie fossile par une dépendance aux matières premières rares…et au vent. La solution serait de relancer la production de ces matières premières sur le sol européen. Mais, la récente décision serbe d’annuler le projet d’une usine de lithium met en lumière un autre dilemme : le coût environnemental de telles productions. Les populations européennes ne sont pas prêtes à voir fleurir sur leur sol ces dites industries.

L’union européenne semble donc être face à une contradiction entre deux objectifs :

  • Un choix stratégique environnemental qui se heurte à des capacités de production de matières premières nécessaires à cette transition limitées, sauf à relancer des investissements coûteux et polluants,  impossibles à faire sur le sol européen.
  • Une volonté de reconquête de souveraineté qui nécessite  une ré-industrialisation qui ne peut se faire sans accès à une énergie abondante, continue et à prix compétitif, incompatible à ce jour avec l’énergie verte.

Il est difficile d’imaginer comment ce dilemme sera résolu à  moyen terme et comment la ré industrialisation des économies européennes pourra se mettre en place. En tout état de cause, les prix de l’énergie resteront élevés, avec des conséquences sur les dépenses incompressibles  des ménages.

Rédigé par

Lucile LOQUES
Directrice du pôle Actions Internationales

Le 18 février 2022

Ce document est établi par Covéa Finance, société de gestion de portefeuille agréée par l’Autorité des Marchés Financiers sous le numéro 97-007, constituée sous forme de société par actions simplifiée au capital de 24 901 254 euros, immatriculée au RCS Paris sous le numéro B 407 625 607, ayant son siège social au 8-12 rue Boissy d’Anglas 75008 Paris. Ce document est produit à titre indicatif et ne peut être considéré comme une offre de vente ou un conseil en investissement. Il ne constitue pas la base d’un engagement de quelque nature que ce soit, ni une évaluation de stratégie ni aucune recommandation d’investissement dans des instruments financiers. Il contient des opinions et analyses générales et non personnalisées conçues par Covéa Finance à partir de données chiffrées qu’elle considère comme fiables au jour de leur établissement en fonction du contexte économique, mais dont l’exactitude et la validité ne sont toutefois pas garanties.  Les opinions exprimées dans le document peuvent faire l’objet de modifications sans notification. Covéa Finance ne saurait être tenue responsable de toute décision prise sur la base d’une information contenue dans ce document. Ce document est la propriété intellectuelle de Covéa Finance. Toute Utilisation (définie ci-après), reproduction ou diffusion de tout ou partie du présent document devra faire l’objet d’une autorisation préalable de Covéa Finance. Le destinataire du présent document a connaissance et accepte que les  données chiffrées, permettant d’établir les opinions et analyses générales et non personnalisées, peuvent être soumises à l’acquisition de droits vis-à-vis de tiers. Par conséquent, les données chiffrées ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’une quelconque Utilisation par le destinataire du document sans l’acquisition préalable des droits nécessaires directement auprès des tiers détenteurs de ces droits. Par ailleurs,  le destinataire du présent document a connaissance et accepte  que Covéa Finance ne sera en rien responsable de toute utilisation faite desdites données chiffrées et assumera seul toutes les conséquences vis-à-vis des tiers détenteurs des droits associés à ces données.  L’ « Utilisation » s’entend comme, et de manière non limitative, la manipulation de la donnée chiffrée, la distribution, la redistribution, l’intégration dans un système d’information ou dans des documents de tous types.