Suivi des marchés de la semaine

Perspectives Économiques et Financières

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Transition énergétique : la quête perpétuelle d’équilibre pour les Etats

Depuis un an, les fortes variations des prix des matières premières et des entreprises concernées directement par la transition énergétique témoignent de la difficulté à en équilibrer les impacts. Les prix du pétrole, par exemple, sont revenus au niveau pré-covid. Etonnant, au vu de la dégradation des perspectives de demande. Actuellement, les prix sont soutenus à bout de bras par les Etats producteurs qui doivent panser les plaies économiques de 2020. Produire moins pour s’adapter à une demande déprimée par les restrictions sanitaires est un impératif. Mais cette coopération, mue par des intérêts aujourd’hui convergents, peut-elle résister à la baisse structurelle de la demande ? L’histoire économique des secteurs en décroissance, ou même du marché pétrolier, laisse plutôt imaginer un retour à une compétition plus vive, où les volumes vendus prédomineront. Ces pays doivent aussi gérer la perte d’influence du pétrole dans l’ordre économique mondial, statut qui leur assurait sécurité et pouvoir politique. L’équilibre actuel, qui garantit ces prix, est donc fragile.

L’or noir bénéficie également des contraintes d’investissement - dont celles de leur financement - auxquelles sont confrontées les entreprises de pays producteurs fermement engagés dans la réduction des émissions, tels que les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne. Pourtant, au sein de ces administrations, les débats sur l’octroi de nouvelles concessions en Alaska ou au large des côtes écossaises prouvent que ces pays cherchent à équilibrer cette transition. Cesser l’exploitation des champs, c’est inciter à sortir du pétrole, mais c’est aussi se priver de revenus qui pourraient financer les énergies alternatives, laisser aux autres pays le soin de décarboner ces productions, sans garantie, et surtout (re)devenir plus dépendant des autres producteurs, au risque de devoir subir leur stratégie sur les prix ! C’est exactement pourquoi l’administration américaine s’est résolue à officiellement demander à l’OPEP de produire plus. Le prix du gallon d’essence n’a plus été aussi élevé depuis 2014. Inacceptable, alors que l’objectif est de réduire les inégalités et que la confiance du consommateur est fragilisée par les mutations du virus. Trouver un équilibre qui permette de diminuer les émissions de CO2 en rendant viable économiquement les alternatives, sans que cela n’empiète sur la compétitivité et le pouvoir d’achat, est un défi auquel devront répondre également, les pays européens s’ils veulent appliquer les propositions du rapport « fit for 55 » publié par la Commission européenne cet été. Ce rapport élargit notamment la liste des secteurs concernés par les quotas d’émissions, ce qui risque d’accentuer la pression sur le prix des quotas carbone (+130% depuis janvier) et, par ricochet, amplifier la hausse des prix de l’électricité qui se profile. La réaction prudente de certains gouvernements à ce rapport suggère que cette question n’est pas résolue.

Ces défis, loin d’être exhaustifs, soulignent la nécessité pour les Etats de penser des réponses industrielles globales afin de pérenniser cette transition, trouver les équilibres qui permettront aux entreprises d’adapter leur stratégie et d’allouer leurs ressources efficacement, comme nous l’avons montré lors de nos perspectives économiques et financières de juin.

Rédigé par

Jacques-André NADAL
Responsable du pôle Actions Europe

Le 30 août 2021
 

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