"OnDécrypte l'Hebdo" - Poussée de tension(s)

Perspectives Économiques et Financières

Temps de lecture : 12 min

Découvrez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 28 avril 2025

Les messages de nos Perspectives Économiques et Financières raisonnent avec encore plus d’acuité ces dernières semaines. Le monde est moins coopératif, le retour du Politique et les quêtes de souveraineté mettent à mal le libre-échange, le libéralisme et les relations internationales telles que nous les avons connues depuis la chute du mur de Berlin puis l’entrée de la Chine dans l’OMC.
 

Dans cette reconfiguration, les deux principales forces, américaine et chinoise, s’affrontent. Ce mouvement est profond mais pas n’est pas récent. Le conflit, engagé sous la présidence Obama, est poursuivi par ses successeurs, sans exception. En mars dernier, nous insistions sur la compétitivité grandissante des entreprises chinoises, notamment sur les secteurs de pointe, tout en menant une stratégie de volumes qui garantit un avantage coût. Probablement de quoi inquiéter davantage les décideurs américains. Aujourd’hui cette guerre commerciale s’intensifie et se diffuse, entre menaces et mesures de rétorsion. La prise de conscience des investisseurs de la remise en cause de fondements économiques des dernières décennies a des conséquences nécessairement importantes sur l’ensemble des actifs financiers et leur volatilité.
 

Des tensions il y en a également eu entre le Président américain et la Réserve fédérale lors du week-end de Pâques, amplifiant davantage les mouvements constatés ces deux dernières semaines sur le billet vert, les taux américains et les marchés actions ... avant que celles-ci ne s’estompent dans la semaine. La pression sur la FED grandit pour qu’elle baisse ses taux malgré ses inquiétudes sur l’inflation.


Autres tensions politico-commerciales, au sein de l’OPEP+. Depuis plusieurs semaines, la stratégie de l’Organisation interpelle : les inquiétudes sur la croissance mondiale grandissent mais elle augmente à nouveau sa production. Les prix du baril en ont logiquement souffert. Cette position est surtout contraire à sa volonté, affichée depuis plusieurs années, de contrôler les volumes extraits pour stabiliser les prix. Plusieurs explications ont été avancées dont la pression de la nouvelle administration américaine. Une autre, majeure, est liée aux discordes grandissantes entre les membres : face au non-respect par certains pays (Iran, Émirats Arabes Unis, Russie et récemment Kazakhstan) des quotas de production alloués, d’autres n’accepteraient plus de faire les efforts seuls. D’autant que les acteurs américains et brésiliens produisent toujours plus. Un engrenage déjà vu : l’Histoire nous enseigne que les revirements de politique de l’Organisation sont brutaux et provoquent des fluctuations importantes des prix. Allons-nous vers une nouvelle guerre des producteurs qui viseraient des gains de parts de marché plus que la stabilité des prix ? les conséquences sur l’inflation seraient alors non négligeables.


Ces évolutions du monde sont également génératrices de tensions géopolitiques. Cette semaine a été le théâtre d’un raffermissement des discordes entre l’Inde et le Pakistan, sur un sujet qui depuis 1947 demeure un « casus belli », le Cachemire. Cette région que les deux puissances nucléaires se sont partagées après un premier conflit consécutif au départ des Britanniques de la région, reste une zone de dissension entre les deux États et un enjeu majeur pour le gouvernement Modi qui a mis fin à son autonomie en 2019. L’attentat qui s’y est déroulé du côté indien a ravivé les braises qui couvaient : l’Inde a annoncé sortir du traité de 1960 de partage des eaux de l’Indus. Le pays est en amont de ces rivières et leurs affluents, alors qu’en aval elles irriguent le Pakistan. Jamais remis en cause, y compris lors des conflits de 1965 et 1999, les implications pour ce dernier seraient dévastatrices et induiraient probablement des ripostes d’ampleur envers l’Inde.


Comme nous l’indiquions dans les conclusions de nos Perspectives Économiques et Financières, les banques centrales sont contraintes dans leurs capacités d’action, notamment par les tensions inflationnistes persistantes que ce monde génère. Toutefois, et les évènements récents nous y engagent, nous insistions sur la vigilance impérative quant aux changements que des évolutions de nature politique, géopolitique ou financière pourraient induire sur les politiques monétaires menées tant sur la trajectoire des bilans que sur l’évolution des taux directeurs.

Sommaire

Analyse de l’évolution des marchés :
  • Obligataire par Charles LEPIC
  • Actions Europe par Ambre SAADA
  • Actions Internationales par Paul CUTAJAR
  • Le regard de l'analyste par Cyril BRUNET
Analyse Suivi Macroéconomique :
  • États-Unis par Sébastien BERTHELOT
  • Europe par Eloïse GIRARD-DESBOIS et Jean-Louis MOURIER
  • Asie par Louis MARTIN
    • Focus : le FMI annonce une forte révision à la baisse de ses projections de croissance

 

Découvrez notre suivi des marchés

Rédigé par
Jacques-André NADAL

Jacques-André NADAL
Directeur adjoint des gestions