"OnDécrypte l'Hebdo" - Des révocations pour servir quelle cause ?
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Découvrez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 1er septembre 2025
Ces derniers mois ont été marqués par un interventionnisme de l’administration américaine dans le déploiement de sa politique économique et industrielle, allant de la volonté d’aligner la conduite de certaines agences fédérales en changeant certaines personnes clés, jusqu’à l’entrée au capital dans des sociétés dites « stratégiques ».
Sur le plan politique, l’administration américaine a émis sa volonté de révoquer un certain nombre de hauts fonctionnaires au sein d’institutions majeures. Plusieurs d’entre elles ont été ciblées, allant de la Fed, en passant par le ministère de la Santé ou celui du Travail. Les « causes » de révocation sont multiples et peuvent trouver, ou non, un réel fondement selon le parti pris que chacun voudra avoir. Il ne nous appartient de débattre de la légitimité de ces décisions, laissant à la justice américaine le soin de se prononcer sur le fond du sujet. Toutefois, cet interventionnisme pourrait s’avérer critique en matière d’inflation et de taux d’intérêt à long terme, même si à ce stade la défiance semble principalement se cristalliser dans les cours de l’or, terminant le mois d’août sur un nouveau record historique.
Sur le plan économique, les dernières semaines ont vu l’entrée du gouvernement américain au capital de MP Materials (principal producteur américain de terres rares) et d’Intel (afin de sécuriser la production de semiconducteurs sur le sol américain). La liste des sociétés stratégiques ou l’Etat américain pourrait décider de prendre une participation est susceptible de s’allonger au cours des prochains trimestres (sociétés de défense, constructeurs automobiles…). Les conséquences à long terme du retour de l’Etat au capital de sociétés privées sont sans aucun doute majeures pour les actionnaires, tant il risque d’influencer l’allocation et le coût du capital de ces sociétés.
Ces décisions interviennent clairement dans une volonté de reconquête de souveraineté des États et de capacité à déployer leur stratégie industrielle, en levant les freins politiques et économiques.
Cette séquence nous rappelle aussi que le retour du Politique va continuer de jouer un rôle critique dans la détermination des investissements des entreprises. Pour les équipes de Covéa Finance, il convient d’intégrer les effets de diffusion de ces volontés politiques sur certains secteurs stratégiques (infrastructures, énergie, défense…) et leurs conséquences en matière de croissance. Par ailleurs, il convient également d’intégrer les risques d’une poursuite de la hausse des taux longs, dont les déterminants restent visibles (accroissement de la dette des États pour servir la politique industrielle, facteurs d’inflation structurelle et risque politique …).
Au final, ces éléments nous confortent dans la nécessité de trouver un juste équilibre entre opportunités et risques qui naissent de la reprise en main du Politique, telle que nous la décrivons dans nos Perspectives Economiques et Financières depuis de nombreuses années.
Rédigé par

Vincent HADERER
Responsable Gestion Actions Internationales
Sommaire
Analyse de l’évolution des marchés :
- Obligataire par Mathilde GAZIER
- Actions Europe par Margot LIEVRE CORMIER
- Actions Internationales par SOPHIS PONS DUBLANC
- Le regard de l'analyste par Victor LABATE
Analyse Suivi Macroéconomique :
- États-Unis par Sébastien BERTHELOT
- Europe par Jean-Louis MOURIER
- Asie par Louis MARTIN
Cette semaine, retrouvez deux focus par nos analystes :
- "L'administration américaine teste l'indépendance de la Réserve fédérale" par Sébastien BERTHELOT
- "Le retour du risque politique français" par Eloïse GIRARD-DESBOIS
