"OnDécrypte l'Hebdo" - Dégroupement
Temps de lecture : 13 min
Découvrez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 8 décembre 2025
Le 23 novembre dernier s’est clôturé à Johannesburg le 20ème sommet du G20. Un sommet qui s’est avéré inédit à plus d’un titre. C’est en effet la première fois que ce forum intergouvernemental se tenait sur le continent africain. C’est aussi la première fois qu’un pays membre de ce groupe décide de boycotter ce sommet...
L’absence des Etats-Unis à ce sommet n’est qu’une demi-surprise. Elle s’inscrit dans la continuité de la politique américaine de primauté des intérêts nationaux américains, d’une remise en cause du Multilatéralisme et de ses instances, sans concessions diplomatiques. Une doctrine rappelée ces derniers jours par la Maison Blanche dans la publication de sa « Stratégie sur la Sécurité Nationale ». Au-delà de la question de la persécution des Afrikaners avancée par le président américain pour justifier l’absence des Etats-Unis, son secrétaire d’Etat, Marco Rubio, avait fustigé le mot d’ordre du G20 sud-africain : « solidarité, égalité, durabilité », le rapprochant de “diversité, équité, inclusion, et changement climatique », dénonçant
des concepts « antiaméricains ». Bien que peu surprenante donc, cette absence n’en reste pas moins inédite dans l’histoire du G20.
Le Groupe des 20, créé en 1999 en marge du G7 de Washington, associait initialement les ministres des finances de ses pays membres. A la suite de la crise financière de 2008, cette initiative s’est élargie aux chefs d’Etat et de gouvernement. Depuis, on note que la présence des dirigeants à ce sommet a connu une certaine évolution, symbole de l’intérêt qu’ils peuvent porter à ce type de forum.
Alors que l’intégralité des chefs d’Etat s’était réunie lors des 3 premiers sommets, cette configuration ne s’est reproduite que par deux fois seulement par la suite : en 2011 en France, et en 2020 virtuellement en raison de
la pandémie de Covid19. Plus encore, alors que sur la décennie 2010, le remplacement d’un chef d’Etat par un représentant d’Etat d’un échelon inférieur ne concernait qu’un ou deux pays, cette tendance s’est accentuée sur la décennie 2020. Ainsi, au-delà du boycott américain, 6 délégations n’ont pas été représentées par leur chef d’Etat en Afrique du Sud (Mexique, Argentine, Chine, Indonésie, Russie, Arabie Saoudite) portant à 7 leur absence, un record.
Le Chancelier allemand Friedrich Merz a évoqué l’évolution des alliances et un Monde qui se réorganise. Ce sommet en est une nouvelle illustration, reflet d’une position américaine sans concession, et de groupes multilatéraux qui peinent à mobiliser les dirigeants de leurs pays membres. Le président Ramaphosa s’est félicité de l’adoption inédite en début de sommet d’une déclaration commune des dirigeants, « un important signal » selon lui, « que le multilatéralisme peut arriver à des résultats, et le fait ». L’absence régulière des plus hauts représentants des Etats illustre au contraire un désintérêt grandissant des chefs d’Etat pour ce type d’instance, et est un nouveau symbole d’un multilatéralisme en panne.
Rédigé par
Frédéric KLEISS
Responsable des Recherches
Sommaire
Analyse de l’évolution des marchés :
- Obligataire par Mathilde GAZIER
- Actions Europe par Arthur POMIER
- Actions Internationales par Margaux LOUIS
- Le regard de l'analyste par Victor PAVLOV et Olivier BERTHET
Analyse Suivi Macroéconomique :
- États-Unis par Sébastien BERTHELOT
- Europe par Jean-Louis MOURIER
- Focus : La France pourrait être l’un des principaux bénéficiaires de SAFE par Eloïse GIRARD-DESBOIS
- Asie par Louis MARTIN