"Le regard de la gérante" - Turbulences pour les laboratoires européens

Perspectives Économiques et Financières

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Les laboratoires pharmaceutiques sont soumis à une pression accrue. Bien qu'ils aient été jusqu'à présent exonérés de droits de douanes additionnels, le gouvernement américain a indiqué qu'il n'excluait pas cette possibilité et examinait la question de près. Cette perspective représente un risque significatif pour ces entreprises, traditionnellement non concernées par de telles mesures. Les laboratoires européens sont particulièrement exposés aux Etats-Unis en termes de chiffre d’affaires mais ne produisent pas l’ensemble de leurs ventes sur le sol américain. Leur rentabilité est donc à risque. La complexité et la forte régulation des chaînes de production pharmaceutiques limitent leur flexibilité, rendant d'éventuelles relocalisations potentiellement longues. A cette menace s’ajoute celle d’une pression sur les prix des médicaments : ceux-ci sont nettement plus élevés aux États-Unis mais la nouvelle administration a exprimé sa volonté d’aligner ces prix sur les standards internationaux. Impossible dans ces conditions d'absorber l'impact des droits de douane sur les marges par une augmentation des prix. Enfin, les craintes sur le secteur sont également alimentées par les réductions budgétaires affectant l’agence de contrôle des médicaments (Food and Drug Administration – FDA) et l’Institut national de la santé (National Institutes of Health - NIH), qui pourrait ralentir les procédures d'approbation et la recherche médicale.


Face à ces défis, les laboratoires européens sont incités à réagir et à élaborer des stratégies de protection. Certaines entreprises ont déjà annoncé des plans d'investissement aux États-Unis, à l'image de Roche et Novartis, avec des engagements de l'ordre de 50 et 23 milliards de dollars respectivement sur cinq ans. Mais quid de la rentabilité future de ces investissements ? Parallèlement, des acteurs majeurs comme Sanofi et Novartis exercent une pression sur l'Union Européenne, plaidant pour une augmentation des prix des médicaments. L'objectif est d'attirer les investissements et de stimuler l'innovation en réponse à la menace des droits de douane américains, qui pourrait inciter les entreprises à privilégier les États-Unis et affaiblir durablement l’industrie en Europe.
 

Dans ce contexte, nous maintenons une approche sélective dans notre stratégie d’allocation d'actifs au sein du secteur, privilégiant les sociétés qui se distinguent par leur positionnement stratégique, la robustesse de leurs modèles économiques et leur capacité d'adaptation, thématiques que nous suivons de près dans nos Perspectives Economiques et Financières.

Rédigé par

Ambre SAADA
Gérante Mandats Actions Europe