Le regard du gérant : l’adaptation des stratégies d’entreprise dans l’automobile face au recul du politique en matière de transition énergétique
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Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, l’administration américaine a profondément modifié sa politique environnementale. C’est notamment le cas dans le secteur automobile.
En effet, les crédits d’impôt ont été réduits et les normes sur les émissions et la consommation de carburant assouplies. Dans ce contexte politique, les entreprises ont adapté leur modèle d’affaires. Un exemple très récent en témoigne, Ford abandonnant l’électrification totale de modèles emblématiques comme le F150, désormais orienté vers une technologie hybride. Dans le même temps, certaines usines du constructeur, initialement dédiées aux SUV électriques, sont reconverties pour produire des véhicules thermiques et hybrides, et une partie des capacités de production de batteries est réorientée vers le stockage, notamment pour les centres de données. Cette adaptation de la stratégie coûtera à Ford environ $19 Mds.
L’autre exemple concerne Hyundai Motor, qui dans son usine de Géorgie initialement prévue pour produire uniquement des véhicules électriques, a converti cette dernière en production mixte, combinant électrique et hybride. Et les conséquences sont importantes pour l’ensemble de la chaîne de valeur du véhicule électrique ! En Corée du Sud, LG Energy Solution, champion coréen des batteries, a vu une commande de $6,5 Mds, prévue pour 2026-2027, annulée par Ford, ce qui va rapidement nécessiter de réallouer ses capacités. Dans ce contexte d’incertitude, un acteur américain des batteries, Kore Power, a renoncé à son projet d’usine en Arizona d’une valeur de $1,2 Mds, tandis que Freyr Battery, société norvégienne, a également abandonné son projet de méga usine en Géorgie d’une valeur de $2,6 Mds. Comme nous le montrons dans nos Perspectives Economiques et Financières, l’interventionnisme politique de plus en plus prégnant rend nécessaire l’adaptation des modèles d’affaires des entreprises et a des conséquences directes sur les décisions des dirigeants.
Rédigé par
Florian THAVEL
Pôle gestion Actions Internationales