Flash marchés - Des marchés financiers mondiaux, tant actions que taux, qui enregistrent une sévère correction.
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Ces mouvements actuels traduisent ce que nous avions souligné lors de nos dernières Perspectives Economiques et Financières du mois de mars : le changement devenu inéluctable de politique monétaire des banques centrales induit par la montée des prix qui se généralise.
Cette inflation est poussée d’abord par des problématiques de disponibilité des ressources ou des biens dans un environnement où la demande a été soutenue à bout de bras par les politiques fiscales et monétaires très favorables, sans contrepartie productive ou de manière partielle. Puis cette pénurie s’est généralisée au marché du travail, entraînant une pression sur les salaires qui rendait inéluctable un changement de politique monétaire. Enfin, la montée inexorable des tensions politiques et géopolitiques dans le monde, comme nous le rappelons régulièrement, est un facteur d’amplification de ces craintes inflationnistes.
La crise énergétique mondiale consécutive à l’éclatement de la guerre en Ukraine en est l’illustration. Les sanctions imposées à un producteur si important de gaz, de pétrole et de ses dérivés ont fini de déséquilibrer des marchés que le sous-investissement des dernières années avait fragilisé. Les prix s’envolent, accentuant la pression sur les autorités monétaires. Les matières premières agricoles suivent … D’ailleurs, les risques de pénuries tant sur l’énergie que sur les matières premières agricoles augmentent. Leur concrétisation accentuerait encore la crise sur les ménages, les entreprises et les Etats.
Depuis de nombreuses années, les banques centrales, FED, BCE, leurs consœurs plus modestes, soutiennent le prix des actifs financiers, actions, obligations et les actifs immobiliers avec des pratiques de politiques monétaires exceptionnelles, voire hors-normes. Mais associées à des politiques budgétaires expansives dans un monde perturbé par un contexte géopolitique tendu, ces pratiques ont fini par se traduire sur le rythme de l’inflation. Ce dernier s’est emballé et contraint les banques centrales à normaliser leur politique monétaire. Inflation et changement de politique monétaire font monter les taux d’intérêt à long terme ce qui vient directement toucher le prix des actifs. Marché des obligations et marché des actions corrigent donc sévèrement : le taux d’intérêt français à 10 ans atteint ainsi 2.4% mi-juin contre 0.2% en début d’année et l’indice CAC40 est en repli de plus de 17% sur l’année en cours.
En effet, les effets négatifs de l’inflation se manifestent d’ores et déjà. Dans les enquêtes récentes, les consommateurs montrent des signes d’inquiétude face à la hausse des prix des logements, des voitures, de l’énergie, et de la nourriture. Ces effets se manifestent également dans les résultats des entreprises. Les marges sont mises sous pression, par le coût des intrants, dont les premières stigmates se faisaient déjà sentir lors des résultats de l’automne dernier.
Apparaissent également des questionnements plus fondamentaux sur la trajectoire de croissance de nombre d’entreprises dans cet environnement particulièrement mouvant. La pandémie a été un accélérateur de changements à bien des égards. Les habitudes de consommation ont changé, les modes de production et de distribution ont dû s’adapter, les politiques ont tenté de contrevenir aux causes et impacts de cette crise. Mais demain, les conséquences et leurs implications sont plus incertaines. D’autant que les réponses politiques à la pandémie évoluent selon les régions et divergent parfois notablement. Alors que la majorité des gouvernements occidentaux semblent vouloir adopter une approche moins pénalisante pour leurs économies, la Chine poursuit sa stratégie agressive visant une éradication totale des cas de contamination. La normalisation des chaînes de production, indispensable pour atténuer la pression sur les coûts et pour redynamiser la croissance, pourrait s’en trouver retarder.
Enfin, la zone euro voit à nouveau sa cohésion testée par les conséquences de cette crise énergétique et la hausse vertigineuse des taux qui atteignent des niveaux plus vus depuis 2014. La première a ébranlé le moteur de l’économie européenne, l’Allemagne, en remettant en cause son modèle fondé notamment sur une énergie peu chère et abondante, tout en n’épargnant pas les consommateurs européens dans leur globalité. La hausse des taux, amplifiée dans les pays du sud, va à nouveau mettre en avant les divergences structurelles d’endettement des pays de la zone, alors que la BCE se trouve embarquée dans une politique de hausse des taux qu’elle n’avait plus menée depuis 2011, veille des soubresauts de la zone.
La toile de fond de l’économie mondiale est donc dégradée. Les soutiens qui avaient prévalus depuis la crise de 2008 se dérobent cette fois-ci, sous l’effet du poids de l’inflation. Le fort soutien exercé par la baisse concomitante des taux nominaux et des taux réels sur les actions et leur valorisation se dissipe alors que les flux acheteurs ont été colossaux aux cours des derniers trimestres. Mais d’un autre côté, ces mêmes taux réels restent négatifs, donc en théorie toujours peu attractifs pour les porteurs obligataires et ce, alors qu’il y a quelques semaines encore le risque des prêteurs n’était pas rémunéré. Ces éléments devraient engendrer une certaine volatilité des marchés financiers, avant de trouver des points attractifs sur les différentes classes d’actifs qui redonneront aux investisseurs un certain appétit pour la prise de risque. Nos portefeuilles de la gestion profilée étaient sous-sensibles aux taux d’intérêt et peuvent profiter maintenant de l’atteinte des points d’investissement obligataires. Les liquidités disponibles sur la gamme des fonds profilés comme sur les OPC actions permettent par ailleurs de bénéficier de seuils d’intervention majeurs sur les bourses. Enfin, votre fonds « euro » a diminué le risque action depuis 2 ans et a toujours refusé d’investir sur des taux nominaux longs négatifs. La hausse récente des taux obligataires lui offrent aujourd’hui l’opportunité d’investir et de bénéficier de produits financiers récurrents.
Rédigé par
Jacques-André NADAL
Responsable du pôle Gestion Actions Europe
16 juin 2022
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