Environnement économique - Septembre 2024

Environnement économique

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Assouplissement monétaire

Nos perspectives économiques et financières

Dans un monde où les tensions géopolitiques s’intensifient, les Etats-Unis, la Chine et l’Union européenne tentent de renforcer leur souveraineté par le biais de politiques industrielles et commerciales, de dispositifs de contrôle, de règlementations ou encore de facilités d’accès au financement. Ces stratégies nourrissent l’accroissement important de l’endettement des Etats, alimentent les déséquilibres inflationnistes et modifient les flux du commerce international. Elles se traduisent par des différences de performances notables entre économies et exigent une adaptation des modèles des entreprises. En l’absence d’un organe multilatéral de conciliation opérant, ces distorsions de concurrence provoquent des mesures de rétorsions compensatoires. Un schéma d’escalade qui pourrait accélérer le Multi-régionalisme. Les Banques Centrales ont des marges de manœuvre contraintes, la matérialisation d’un risque financier ou politique pourrait les forcer à intervenir.

ameriqueAux Etats-Unis, le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale a décidé d’une première baisse de taux en septembre, après avoir recentré sa communication sur les risques de dégradation du marché du travail. Après une première étape de détente de sa politique monétaire en juin, la BCE a encore baissé ses taux de 25 points de base. De son côté, la Banque d’Angleterre a passé son tour. En Europe, les banquiers centraux mettent toujours l’accent sur l’importance des données et de la poursuite des trajectoires de modération de l’inflation pour les prochains mouvements de politique monétaire. Au contraire, la Banque du Japon, affiche toujours sa volonté de durcir progressivement sa politique monétaire, mais elle se montre prudente après les turbulences financières du mois d’août. En Chine, les autorités ont annoncé des soutiens massifs à l’économie. Sur le marché des changes, l’euro s’est apprécié de 0,98% sur le mois contre le dollar à 1,1196. Le prix du baril de Brent a baissé de 8,9% par rapport au mois précédent, à 71,77$. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale a baissé son objectif de taux des fonds fédéraux de 50 points de base, en réponse au recul de l’inflation mais aussi à la multiplication des signes de refroidissement des tensions sur le marché du travail. Les créations d’emplois ont nettement ralenti depuis le printemps (moyenne mensuelle de 116 000 de juin à août) et le nombre d’offres d’emploi par chômeur est désormais revenu à un niveau plus faible que celui qui prévalait juste avant la pandémie de Covid-19. L’inflation des prix à la consommation a retrouvé, en août, un plus bas depuis mars 2021. Mais, hors alimentation et énergie, le rythme de progression des prix reste plus élevé (+3,2% sur un an). Les indicateurs d’activité économique continuent de plaider pour une croissance modérée, sans décrochage brutal.

EuropeAu Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre (BoE) a laissé son taux directeur inchangé. Elle continue à communiquer sur une démarche (très) progressive, alors que l’activité économique semble ralentir, mais aussi que l’inflation des prix des services reste élevée malgré la poursuite du ralentissement des salaires. Le communiqué du comité de politique monétaire indique que les données économiques restent en ligne avec les attentes de la banque centrale.

En Zone euro, la BCE a procédé à une deuxième baisse, de 25 points de base, du taux d’intérêt de sa facilité de dépôts. Les membres du Conseil des gouverneurs sont plus confiants dans le retour prochain de l’inflation à la cible visée. Les facteurs persistants de risques les amènent toutefois à se déclarer encore prudents et désireux d’analyser pleinement l’ensemble des données à leur disposition lors de chacune de leurs réunions. Les statistiques d’activité restent mal orientées et les résultats des enquêtes auprès des entreprises continuent à se dégrader. Le Premier ministre espagnol comme le chancelier allemand semblent sensibles aux pressions chinoises pour que le projet d’imposition de droits de douane compensatoires sur les importations de véhicules électriques en provenance de Chine soit rejeté lors d’un vote au Conseil censé intervenir en octobre. En France, deux mois après les élections législatives, Michel Barnier a été nommé Premier ministre. Son gouvernement, composé de personnalités de la droite et du centre, ne dispose pas d’une majorité à l’Assemblée nationale, ce qui limitera son action.

AsieEn Chine, les autorités ont annoncé des soutiens massifs à l’économie, tant sur le plan monétaire que budgétaire. La communication de ce plan est venue après la publication d’indicateurs économiques mal orientés et alors que les annonces de barrières commerciales à l’encontre des exportations chinoises se multiplient. Au Japon, la banque centrale prend son temps, après les turbulences financières du mois d’août. La volonté de poursuivre la hausse du taux directeur reste entière, alors que l’inflation reste supérieure à son objectif et que l’activité économique, bien que toujours peu dynamique, reste solide. Sur le plan politique, les membres du Parti libéral-démocrate (PLD) ont désigné Shigeru Ishiba pour prendre la tête du parti et, ainsi, succéder à Fumio Kishida au poste de Premier ministre.

 

Sources des données : Datastream, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Office for National Statistics, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China. 

Rédigé par

Jean-Louis MOURIER, 
Économiste 
Le 2 octobre 2024