Environnement économique - Août 2023
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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois d'août 2023 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie.
Nos Perspectives Économiques et Financières
Sortir d’un régime monétaire extraordinaire n’est pas sans douleur. L’inflation, qui a atteint des niveaux élevés, a conduit à un retournement violent de la politique monétaire. Ce retournement a de forts impacts sur les acteurs publics et privés. Alors que des faillites bancaires se sont produites aux Etats-Unis, les banques centrales se trouvent face à un dilemme : combattre une inflation durable, conformément à leur premier objectif, au risque de faire naître une instabilité financière. Par ailleurs, revenir en arrière sur les politiques exceptionnelles d’achat d’actifs va se trouver en contradiction avec les besoins de financement grandissants des Etats. Les banques centrales semblent vouloir rester fermes dans leur volonté de remonter leurs taux directeurs et de traiter les sujets d’instabilité financière par le biais d’instruments dédiés, mais potentiellement insuffisants pour restaurer durablement une confiance défaillante.
Les banquiers centraux toujours vigilants
Tout en soulignant le reflux de l’inflation depuis huit mois, les banquiers centraux se veulent toujours vigilants. Ils estiment que le risque de voir la progression des prix s’installer sur un rythme durablement supérieur à leur objectif reste entier. C’est pourquoi, des deux côtés de l’Atlantique, ils n’excluent pas que le mouvement de hausse des taux directeurs continue. Néanmoins, ils annoncent toujours que les prochaines décisions de politique monétaire dépendront des données économiques. L’activité économique a résisté, aux États-Unis, au deuxième trimestre, tandis que le PIB de la zone euro a légèrement rebondi. Mais les résultats des enquêtes de conjoncture ont continué à se dégrader en juillet et août. En Chine, le ralentissement de l’activité et la déprime du secteur de la construction résidentielle ont conduit les autorités à annoncer des mesures de soutien et à baisser les taux d’intérêt. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de 1,4% sur le mois, à 1,0868 contre le dollar. Le prix du baril de Brent a progressé de 1,5% par rapport au mois précédent, à 86,86$.
Aux États-Unis, la croissance affiche sa résistance au deuxième trimestre. Le PIB a en effet progressé de 0,5% en glissement trimestriel, comme au trimestre précédent, grâce à l’investissement des entreprises. Mais les résultats d’enquêtes ont continué à se dégrader en août. L’inflation a légèrement augmenté en juillet, à 3,2%, et elle reste plus élevée dans sa version hors énergie et alimentation, justifiant que la Réserve Fédérale reste pleinement engagée dans sa lutte contre l’inflation. Ainsi, à Jackson Hole J. Powell n’a pas exclu de nouvelles hausses de taux ces prochains mois. Mais le président de l’institution monétaire a encore insisté sur la dépendance aux données, qui détermineront la décision de septembre. Sur le marché du travail, les tensions ne se dissipent que lentement : les embauches ont ralenti et les postes à pourvoir se font moins nombreux, mais le taux de chômage a encore baissé en juillet.
Au Royaume-Uni, l’inflation reste élevée et les salaires ont encore accéléré. La progression sur un an de l’indice des prix à la consommation est revenue de 7,9% en juin à 6,8% en juillet, mais l’inflation sous-jacente est restée stable, à 6,9%. Les salaires (hors bonus) ont affiché une hausse sur douze mois de 7,8%, leur plus forte progression depuis que ces données sont publiées. Pourtant, la faiblesse de l’activité commence à peser sur le marché du travail.
En Zone euro, la Banque centrale européenne s’en remet à l’examen des données économiques immédiates et de leurs implications sur les perspectives d’inflation. À Jackson Hole, C. Lagarde a listé des éléments qui nourrissent les craintes d’un maintien durable d’une inflation supérieure à l’objectif de la BCE (transition énergétique, fragmentation de l’économie mondiale notamment pour des raisons géopolitiques et mutations du marché du travail). Mais, face à un climat d’incertitude exacerbée, les prochaines statistiques économiques seront déterminantes pour décider de la suite en matière de politique monétaire. Si la croissance du PIB s’est redressée au deuxième trimestre (+0,3% en glissement trimestriel après 0,0%), elle masque des évolutions contrastées entre les différents pays. De plus, les résultats des enquêtes indiquent une poursuite de la dégradation de la conjoncture au mois d’août, en raison de la faiblesse persistante du secteur manufacturier et d’une détérioration des conditions d’activité dans les services.
En Chine, le ralentissement de l’activité s’amplifie au troisième trimestre. Face à la dégradation de la conjoncture et aux risques systémiques générés par la déprime du secteur de la construction, les autorités évoquent toujours des mesures de soutien, tout en restant toujours très vagues. Les seules mesures concrètes ont jusqu’à présent été un léger assouplissement des conditions de financement bancaire et des soutiens aux ménages pour leurs achats immobiliers.
Le Japon fait figure d’exception dans un climat conjoncturel global morose. Après +0,9% au premier trimestre, le PIB a encore augmenté de 1,5%, en séquentiel, au deuxième trimestre. De plus, les résultats d’enquêtes nourrissent les attentes d’une poursuite de la croissance. Malgré cette conjoncture favorable et une inflation encore supérieure à l’objectif de moyen terme de la banque centrale, cette dernière n’entend pas durcir sa politique monétaire dans l’immédiat.
Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.
Rédigé par
Jean-Louis MOURIER
Économiste
le 1er septembre 2023