Environnement économique - janvier 2023
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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de janvier 2023 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie.
Nos perspectives économiques et financières
Les nombreux défis soulevés par le conflit russo-ukrainien, et au-delà par la polarisation du monde, mettent à l’épreuve aujourd’hui plus que jamais l’Union européenne, à laquelle nous avons consacré nos perspectives économiques et financières de novembre 2022. Le projet européen est testé à la fois dans son fonctionnement institutionnel et dans son organisation économique, à travers la compatibilité et la solidarité des politiques budgétaires respectives de ses membres. Face à des politiques monétaires quasi unanimement restrictives, la récession n’est plus qu’une question de temps. La hausse des taux d’intérêt souverains fait peser un risque de soutenabilité des dettes publiques et privées sur le continent et fait renaître le spectre d’un éventuel défaut d’un pays membre et de l’implosion du projet européen.
Tensions inflationnistes persistantes malgré une activité ralentie
La baisse de l’inflation s’est poursuivie, des deux côtés de l’Atlantique, en ligne avec le recul des prix des matières premières, notamment énergétiques en fin d’année dernière. Les tensions persistent néanmoins, notamment sur le marché du travail, tant aux Etats-Unis que dans la zone euro ou au Royaume-Uni. En termes d’activité, la croissance s’est maintenue dans la zone euro et aux Etats-Unis au quatrième trimestre 2022, malgré un ralentissement voire une baisse de la consommation des ménages et de l’investissement. Les résultats des enquêtes de conjoncture se sont améliorés en Europe, reflet d’un regain d’optimisme pour les prochains mois. Les entreprises constatent en revanche que l’état actuel de la conjoncture reste dégradé, voire empire. Le PIB chinois, en revanche, a stagné en fin d’année et il n’a progressé que de 3,0% en 2022. Sur le marché des changes, l’euro s’est apprécié de 1,6% sur le mois et atteint 1,0833 contre le dollar. Le prix du baril de Brent a baissé de 1,7% sur le mois, à 84,49$.
Aux Etats-Unis, le PIB a progressé de 0,7% au quatrième trimestre 2022. La croissance de l’activité économique a ainsi atteint 2,1% l’année dernière. Cette relative résistance, cache mal un net ralentissement de la demande domestique privée. L’investissement des entreprises a fléchi fin 2022 et les achats de logements des ménages ont reculé, alors que leur consommation ralentissait sous l’effet d’une baisse des achats de biens et d’une consommation de services moins soutenue. Les tensions inflationnistes, encore vives, ont continué à se modérer en décembre. La hausse de l’indice des prix à la consommation est revenue à 6,4% sur un an, son rythme de progression le plus faible depuis octobre 2021. L’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) a également continué à fléchir, pour revenir à 5,7% contre 6,0% en novembre. Les tensions persistent sur le marché du travail, mais plusieurs signaux d’un rééquilibrage progressif entre offre et demande de travail suggèrent un début d’apaisement. Les perspectives d’activité demeurent mal orientées, les indicateurs d’enquête restant en zone de contraction.
Au Royaume-Uni, la dégradation de la conjoncture économique se confirme. L’indicateur d’enquête PMI composite s’est inscrit en janvier en zone de contraction, pour le 6ème mois consécutif, tandis que le reflux de l’inflation est resté limité, à 10,5% sur un an en décembre. La baisse de leur pouvoir d’achat qui en résulte pèse sur la consommation des ménages. Dans ce contexte, la Banque d’Angleterre (BoE) estime qu’elle doit encore augmenter son taux directeur. Elle constate que le marché du travail reste tendu, notamment parce que le taux de participation au marché du travail continue à diminuer. Les banquiers centraux constatent aussi que les tensions inflationnistes sont de plus en plus alimentées par des facteurs domestiques, ce qui justifie la poursuite du durcissement de la politique monétaire.
En Zone euro, le PIB a légèrement progressé (+0,1%) au quatrième trimestre 2022. Toutefois, le recul a été évité malgré une baisse marquée de la consommation des ménages et un net ralentissement de l’investissement. La progression du PIB s’explique ainsi essentiellement par la forte baisse des importations en volume, qui a permis une diminution du déficit des échanges de biens et services. Le redressement, qui se poursuit, des indicateurs d’enquête reste aussi ambigu : les chefs d’entreprise se montrent plus confiants sur les perspectives malgré une demande toujours en baisse (mais un peu moins) et des chaînes d’approvisionnements toujours en tension. L’inflation a poursuivi sa baisse en décembre, pour revenir à 9,2%, après un pic à 10,6% en octobre dernier. Cette accalmie sur les prix est néanmoins à nuancer, puisque le principal moteur de ce recul provient de la baisse des prix de l’énergie. L’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) a encore augmenté, à 5,2%*. Le maintien d’une inflation élevée conjugué à un marché du travail toujours tendu a conforté la Banque centrale européenne (BCE) dans la poursuite de son resserrement monétaire. Du côté politique, la Commission européenne a élaboré des propositions, qui doivent encore être examinées par le Conseil européen, pour favoriser la construction d’une industrie de la transition énergétique en Europe. Il est question de distribuer des subventions et d’alléger les réglementations sur les aides d’Etat aux entreprises, mais aussi de flécher les fonds inutilisés des programmes mis en place face à la crise pandémique.
*Données du 1er février
En Chine, la décision de mettre fin à la politique « zéro-covid », s’explique en partie par la dégradation de la conjoncture économique. D’après les statistiques officielles, le PIB a stagné au quatrième trimestre et il n’a progressé que de 3,0% sur l’ensemble de l’année dernière.
L’activité manufacturière n’a quasiment pas progressé l’année dernière (+0,2% entre décembre 2022 et le même mois en 2021), notamment handicapée par les contraintes liées à la lutte contre la Covid 19. Le marché immobilier a continué à se dégrader en fin d’année dernière, malgré des soutiens accrus des autorités. Au Japon, la Banque du Japon (BoJ) a maintenu le caractère très accommodant de sa politique monétaire, en janvier. Alors que l’activité s’est stabilisée, mais qu’elle reste faible, la banque centrale estime que la dynamique des salaires reste insuffisante pour assurer que l’inflation ne redescendra pas bientôt significativement sous son objectif de 2%.
Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.
Jean-Louis MOURIER
Analyste économique
Le 3 février 2023