Environnement économique - Janvier 2022
Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de janvier 2022 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
Nos perspectives économiques et financières
Nous avons consacré nos perspectives économiques et financières à l’analyse comparée de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, 3 pays qui n’échappent pas au mouvement de divergence que nous mettions en avant en début d’année. Force est de constater que l’Allemagne affiche des avantages indéniables. Le tissu industriel allemand est bâti sur une véritable logique de filière allant de l’apprentissage jusqu’à la définition des normes industrielles. Le Royaume-Uni, qui a fait le choix d’une spécialisation vers les services, bénéficie d’un environnement des affaires souvent considéré comme un des plus favorables au monde, ce qui contribue à son attractivité. Tout comme le Royaume-Uni, la France a vu la part de son industrie fortement reculer. Une fiscalité lourde, une formation professionnelle peu adaptée et un poids élevé des services à faible valeur ajoutée pourraient pénaliser le pays face aux défis de demain. Au-delà de l’analyse de ces trois pays, la question d’un retour durable de l’inflation se pose. La désorganisation des chaînes de production mondiales, le soutien massif à la demande, la résurgence potentielle d’une boucle prix-salaire et la transition énergétique sont autant d’éléments alimentant le risque inflationniste.
Des banques centrales sous la pression de l’inflation
Malgré la résurgence de l’épidémie de covid-19 liée au variant omicron, les données d’activité décrivent un rebond de la croissance du PIB au quatrième trimestre dans les économies développées. L’inflation a continué son accélération aux Etats-Unis et en Europe et risque de se maintenir à un niveau élevé. Si la Banque Centrale européenne préfère encore temporiser, la Réserve fédérale a signalé son intention d’initier rapidement un resserrement monétaire, tandis que la Banque Populaire de Chine poursuit son assouplissement pour tenter de soutenir une activité en ralentissement. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de -1,50% et termine le mois à 1,1156 dollar pour un euro. Le prix du baril de Brent a augmenté de 17,27% sur le mois, pour atteindre 91,21$.
Aux Etats-Unis, l’activité économique a rebondi au quatrième trimestre de +1,7% par rapport au trimestre précédent. La croissance reste tirée par les dépenses des ménages, qui ont progressé de 0,8% sur le trimestre, mais a également grandement bénéficié de la reconstitution des stocks, après plusieurs trimestres de déstockage. L’investissement non résidentiel maintient une dynamique favorable (+0,5%) tirée par les dépenses en logiciels et la recherche et développement, tandis que les dépenses en équipements affichent un gain modeste et que les dépenses en infrastructures restent mal orientées. Malgré le rebond des exportations, le déficit commercial poursuit sa dégradation en raison de la vigueur des importations. Sur l’ensemble de l’année, la croissance s’établit à 5,8% ce qui permet au PIB américain de dépasser son niveau d’avant crise de plus de 3%. Du côté des prix, l’inflation a maintenu sa tendance haussière en décembre et a atteint 7% en rythme annuel, au plus haut depuis 1982. L’indice des prix a été tiré une nouvelle fois par les prix des véhicules neufs et d’occasion, conséquence des perturbations persistantes sur la chaîne d’approvisionnement. Sur le plan monétaire, la Réserve fédérale a affirmé sa volonté d’initier un mouvement de resserrement monétaire de façon imminente, ce qui suggère qu’une hausse du taux directeur interviendra probablement lors de la prochaine réunion du 15 mars. Enfin concernant la politique budgétaire, le plan « Build Back Better » (1700 Mds$) restant dans l’impasse, le parti démocrate envisage de resserrer son effort sur un nombre restreint de dispositions du texte.
Au Royaume-Uni, l’activité économique et le marché du travail poursuivent leur amélioration. Ainsi, la croissance du PIB a progressé de 0,9% en novembre par rapport au mois précédent, au-dessus du niveau attendu, tandis que le taux de chômage atteint 4,1%, un niveau très proche du plus bas historique enregistré en 2018. Du côté des prix, l’inflation s’est établie à 5,4% en rythme annuel en décembre, au plus haut depuis 30 ans, tirée par les prix de l’énergie et de l’alimentation qui contribuent à hauteur de 40%. Ces récents développements pourraient amener la Banque d’Angleterre à poursuivre le relèvement de son taux directeur, après un premier mouvement initié en décembre. Sur le plan politique, le Premier ministre Boris Johnson doit faire face aux récents scandales concernant son non-respect des restrictions sanitaires lors des précédents confinements. Une enquête est actuellement en cours et ses conclusions pourraient fragiliser l’actuel Premier ministre.
En Zone euro, le PIB a progressé de +0,3% au quatrième trimestre par rapport au trimestre précédent, soit une croissance annuelle de 4,6% en 2021, lui permettant de retrouver son niveau pré-pandémique. Cependant, ces chiffres cachent une hétérogénéité entre pays. L’activité économique a fortement rebondi en Espagne avec une croissance trimestrielle de 2,0%, et reste bien orientée en France (+0,7%) et en Italie (+0,6%). En revanche, la croissance du PIB en Allemagne recul de 0,7% sur le trimestre, en raison des contraintes d’approvisionnement et de la vague de covid-19 qui a touché le pays en fin d’année. En 2021, la France a affiché une croissance annuelle moyenne de 7,0% lui permettant de retrouver son niveau de PIB pré-pandémique, tandis que l’Allemagne et l’Espagne ont enregistré une croissance sur l’année de 2,8% et 5,0% respectivement et restent en deçà de leur niveau de PIB pré-crise. La hausse des prix se poursuit en Zone Euro avec une inflation qui a atteint 5,0% en glissement annuel en décembre, un record depuis la création de l’union monétaire. Enfin sur le plan politique, les élections présidentielles italiennes ont abouti à un statu quo. Le Président sortant Sergio Mattarella a été réélu, et Mario Draghi garde la présidence du Conseil.
En Chine, la croissance du PIB a poursuivi son ralentissement au quatrième trimestre en s’établissant à 4,0% en glissement annuel après 4,9% au trimestre précédent. L’activité a été affectée par la dégradation sanitaire, en témoigne la croissance des ventes au détail qui ralentit à 1,7% en glissement annuel au mois de décembre. Dans ce contexte de ralentissement de l’activité, la Banque Populaire de Chine (PBoC) a renforcé l’assouplissement de sa politique monétaire, à travers une nouvelle baisse de ses principaux taux. Cette politique de soutien à l’économie devrait se poursuivre durant l’année, notamment face aux difficultés du secteur immobilier, de la politique de décarbonation et aux restrictions sanitaires liées à la politique « zéro covid » du gouvernement chinois.
Au Japon, l’activité se dégrade en ce début d’année en lien avec le retour de l’épidémie. Cette dégradation s’est concentrée dans les services comme l’illustre l’indice PMI dans ce secteur qui a reculé de 5,5 points en janvier, s’établissant à 46,6 (zone de contraction de l’activité). En revanche, l’activité industrielle semble mieux résister, le PMI manufacturier ayant atteint 54,6 points, soit 0,3 point de plus qu’en décembre. Du côté des prix, l’inflation reste relativement faible à 0,8% en décembre en glissement annuel, tirée par les prix alimentaires et de l’énergie.
Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, Markit, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.
Rédigé par
Eloïse GIRARD-DESBOIS
Analyste économique
Le 7 février 2022