Environnement économique d'octobre 2019
Retrouvez notre analyse mensuelle de l'environnement économique des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
EN BREF
Le mois d’octobre aura été marqué par les signaux de détente dans les relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, tandis qu’en Europe, les avancées des négociations du Brexit éloignent la perspective d’une sortie du Royaume-Uni sans accord. En termes d’activité, les données publiées confirment le ralentissement synchronisé en cours, avec des modérations de la croissance du PIB en Chine, en Europe et aux Etats-Unis. Dans ce contexte, les autorités monétaires sont restées à la manœuvre pour assouplir les conditions. Sur le marché des changes, l’euro s’est apprécié de 2,43% contre dollar et termine le mois à 1,115 dollar pour un euro. Le prix du baril de Brent recule de 0,9% à 60,2 dollars.
L’économie américaine a affiché une certaine résistance au 3ème trimestre avec une croissance trimestrielle du PIB de 0,5%. La demande des ménages reste solide, portée par un marché du travail toujours en tension, mais la détérioration de l’investissement des entreprises s’accentue. Dans ces conditions, la modération tendancielle de la dynamique d’activité s’est poursuivie avec une croissance annuelle du PIB qui atteint désormais 2%. La visibilité reste faible pour les entreprises américaines malgré les signaux positifs au cours du mois concernant les négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. Au-delà des incertitudes extérieures, l’industrie américaine a également été pénalisée en septembre par les grèves dans le secteur automobile. Sur le plan monétaire, la Réserve fédérale a procédé à une 3ème baisse consécutive de 0,25% de son taux directeur, ce qui porte la fourchette cible à [1,50;1,75%]. Les déclarations du Président de la Fed, Jerome Powell, lors de la conférence de presse indiquent que le comité envisage désormais une pause de ce mouvement d’assouplissement. Par ailleurs, la Fed a initié des achats de T-bills (titres court terme du Trésor américain) à un rythme initial de 60 Mds$ par mois, afin d’atténuer les tensions sur les marchés monétaires qui ont émergé depuis mi-septembre. La Fed a insisté à plusieurs reprises sur le fait que ces mesures sont un ajustement purement technique et pas un nouveau programme d’assouplissement quantitatif.
En Zone euro, la croissance est restée stable à 0,2% en glissement trimestriel sur le troisième trimestre. En rythme annuel, le PIB n’est plus en hausse que de 1,1%. Le ralentissement de la croissance européenne ne permet plus au chômage de poursuivre sa baisse entamé en 2013. Le taux de chômage s’établit à 7,5% en septembre, et confirme sa stabilisation dessinée depuis le début de l’année. Les indicateurs d’activité PMI d’octobre suggèrent toujours une dichotomie entre un secteur manufacturier en forte contraction, et des services qui affichent une croissance modérée. Dans ce contexte européen morose, la croissance en France est plutôt bien orientée avec une hausse du PIB de 0,3% en glissement trimestriel, portée par la demande intérieure. Du côté de la BCE, pour la dernière réunion de politique monétaire de Mario Draghi avant la prise de fonction de Mme Lagarde le 1er novembre, le comité n’a pas modifié sa politique. Le Président de la BCE a néanmoins estimé que les données publiées depuis septembre ont confirmé les risques baissiers et justifient le stimulus monétaire décidé en septembre.
Au Royaume-Uni, le Brexit n’a finalement pas eu lieu le 31 octobre, comme promis par Boris Johnson. le Premier Ministre britannique a néanmoins réussi à obtenir un nouvel accord de sortie avec l’Union Européenne, revisitant la question de la frontière en Irlande du Nord. Le principe de l’accord a été accepté par le Parlement du Royaume-Uni mais pas sa transposition accélérée dans le droit britannique, obligeant Boris Johnson à demander un nouveau délai du Brexit. L’UE a ainsi accepté de repousser la sortie du Royaume-Uni au plus tard au 31 janvier 2020. Dans la foulée, Boris Johnson a finalement réussi, au bout de sa quatrième tentative, à provoquer avec l’accord du parlement de nouvelles élections législatives programmées pour le 12 décembre prochain.
En Chine, le ralentissement s’accentue. La croissance annuelle du PIB s’affaisse au troisième trimestre à 6%, après 6,2% au deuxième trimestre. Les exportations affichent une contraction de 3,2% en glissement annuel en septembre, tandis que les importations se contractent de 8,5%, signe du ralentissement de la demande interne.
Au Japon, la hausse de la TVA au 1er octobre (passage de 8% à 10%) a provoqué un effet substantiel sur les ventes au détail de septembre. Celles-ci ont bondi de 9,1% en rythme annuel, les ménages anticipant la plus forte pression fiscale à venir. En dehors de ces effets transitoires, les indicateurs conjoncturels ont continué de se dégrader, à l’image du PMI manufacturier qui atteint un point bas depuis juin 2016 en octobre (48,5).
Rédigé par
Sébastien Berthelot
Responsable adjoint de l'analyse économique
Le 4 novembre 2019