Environnement économique - avril 2023
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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois d'avril 2023 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie.
Nos perspectives économiques et financières
La modération temporaire des prix de l’énergie n’empêchera pas un équilibre plus inflationniste sur le long terme. La pandémie puis la guerre en Ukraine ont conduit les Etats à une recherche de souveraineté intrinsèquement inflationniste, tandis que les effets désinflationnistes de la mondialisation, s’amenuisent. Par ailleurs, le durcissement des relations internationales entre les grandes puissances semble confirmer l’atteinte de la limite du multilatéralisme économique et diplomatique tel qu’il existe. Ces changements en cours se superposent à un impératif de décarbonation de l’économie qui, à demande constante, est également vecteur de pression haussière sur les prix. Dans ce contexte, les banques centrales se retrouvent face à un dilemme entre la lutte sans compromis contre l’inflation ou la préservation de la stabilité financière, mise en péril par la remontée rapide des taux.
Inflation toujours élevée et activité hésitante
Les difficultés du secteur bancaire américain ont continué à occuper les esprits au mois d’avril, avec une nouvelle faillite d’ampleur enregistrée. Tout en s’affirmant vigilantes -et en agissant dans le cas de la Fed-, les principales banques centrales occidentales réaffirment leur volonté de lutter contre l’inflation. Mais, dans le même temps, elles doivent rester attentives au risque financier et aux signes de dégradation de la conjoncture économique, alors que le FMI a réduit ses prévisions de croissance pour les grandes économies développées. En parallèle, les tensions géopolitiques perdurent, sur fond de confirmation du rapprochement sino-russe. Sur le marché des changes, l’euro s’est apprécié de 1,0% sur le mois, à 1,0981 contre le dollar. Le prix du baril de Brent a reculé de 0,3% par rapport au mois de mars, à 79,54$.
Aux Etats-Unis, les tensions sur le système bancaire restent fortes, une nouvelle faillite (First Republic Bank) ayant été actée tout à la fin du mois d’avril. En ce qui concerne l’activité, le PIB a progressé de 0,3% au premier trimestre de l’année, après +0,6% au trimestre précédent et les résultats d’enquêtes sont mitigés. Parallèlement, la décrue de l’inflation reste lente et essentiellement liée aux répercussions du recul des prix de l’énergie. Hors énergie et alimentation, les prix à la consommation étaient en hausse de 5,6% sur un an en mars, après +5,5% en février. Même un peu moins importantes, les tensions perdurent aussi sur le marché du travail avec des créations d’emploi toujours dynamiques et un taux de chômage très faible malgré une légère remontée du taux de participation. La croissance des salaires est encore élevée, à 4,2% sur un an en mars, mais elle ralentit. L’activité demeure peu dynamique dans le secteur industriel et plus particulièrement dans la branche manufacturière (baisse de 0,5% de la production en mars par rapport au mois précédent). En revanche, malgré l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages, leur consommation a rebondi au premier trimestre. Enfin, les négociations entre Républicains et Démocrates pour relever le plafond de la dette publique sont entrées dans une phase active.
Au Royaume-Uni, l’inflation reste élevée. En mars, elle était au-dessus de 10% pour le 7ème mois d’affilée, à 10,1%. De plus, l’inflation sous-jacente ne baisse pas franchement non-plus et elle toujours est supérieure à 6%. En revanche, les statistiques d’activité montrent une certaine résistance de l’économie britannique. Les résultats des enquêtes de conjoncture s’améliorent et les données mensuelles n’illustrent pas les craintes de récession. D’ailleurs, les institutions internationales continuent à relever leurs prévisions de croissance pour le Royaume-Uni : le PIB est toujours attendu en contraction sur l’ensemble de l’année en cours, mais de moins en moins.
En zone euro, la désinflation progressive marque le pas. Les prix à la consommation ont même accéléré dans plusieurs pays de la zone au mois d’avril. Parallèlement, les perspectives d’activité se dégradent, au moins dans l’industrie. Le PIB de la zone stagne depuis le milieu de l’année dernière (+0,1% au premier trimestre 2023), notamment sous l’effet de la faiblesse de la consommation des ménages et de l’investissement. Dans le même temps, le durcissement de la politique monétaire continue à produire ses effets sur le financement de l’activité économique : ralentissement de la distribution de crédit dans un contexte de durcissement des conditions exigées par les banques. Le regain de dynamisme des salaires se confirme, avivant le risque de boucle prix-salaires. Les indicateurs d’enquête envoient des messages disparates, avec une nouvelle progression du PMI global d’activité en avril, à 54,4. L’écart de perception entre les entreprises manufacturières et celles de services se creuse encore, l’activité étant signalée en accélération dans les services alors que la contraction devient plus sévère dans l’industrie. Sur le plan budgétaire, la Commission européenne a présenté sa proposition de réforme du pacte de stabilité. Mais cette dernière ne satisfait ni la France ni l’Allemagne.
En Chine, les effets de la fin de la politique zéro-Covid sur l’activité économique sont nettement visibles. La croissance a rebondi au premier trimestre, le PIB progressant de 4,5% sur un an après +2,9% au trimestre précédent. Les données économiques publiées en avril confirment le redressement de la croissance mais de multiples incertitudes pèse sur la poursuite de cette dynamique. Au Japon, la Banque du Japon a une nouvelle fois maintenu ses taux inchangés, alors que la modération de l’inflation marque le pas (3,2% en mars après 3,3% en février) et qu’elle ne reflète que le recul des prix de l’énergie. De son côté, la dynamique de l’inflation sous-jacente se maintient. Les indicateurs d’activité demeurent bien orientés, même si l’industrie reste à la peine. Grâce à des salaires plus dynamiques, la consommation progresse.
Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.
Jean-Louis MOURIER
Analyste économique
Le 3 mai 2023