Environnement économique - Août 2021
Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois d'août 2021 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
Nos perspectives économiques et financières
A la mi-2020, nous avons souligné le risque de poches de dépression consécutif à la mise à l'arrêt d'économies déjà fragiles. L’ampleur des plans de relance budgétaire, notamment américain, et des politiques monétaires toujours plus accommodantes questionnent toutefois cette hypothèse. Dans ce contexte, une analyse fine de ces mesures sera nécessaire pour vérifier la capacité des Etats à éloigner ces risques de dépression, y compris lorsque ces dispositifs de soutien extraordinaire arriveront à leur terme. Dans le cadre de nos perspectives de juin 2021, nous nous sommes attachés à analyser les plans des trois grandes zones économiques et à comprendre quelle part la politique énergétique y prend, un secteur déterminant pour la souveraineté des Etats et aux effets multiplicateurs importants sur les tissus industriels, avec parmi eux, le secteur automobile.
Des reprises économiques toujours divergentes dans un contexte sanitaire tendu
Au mois d’août, les deux principales économies mondiales voient leur trajectoire diverger. La poursuite de la reprise économique américaine amène la Réserve fédérale à préciser les contours d’un début de réduction du rythme d’achat d’actifs avant la fin de l’année, malgré une situation sanitaire toujours tendue. A l’opposé l’impact négatif des restrictions sanitaires et des catastrophes naturelles sur l’économie chinoise laisse envisager la possibilité d’un assouplissement de la politique monétaire dans les mois à venir. En Zone euro, l’activité poursuit quant à elle sa normalisation, même si les tensions d’approvisionnement demeurent visibles. Sur le marché des changes, l’Euro a légèrement reculé face au dollar, s’établissant à 1,1834 dollar pour un euro, soit –0,48% sur le mois. Le prix du pétrole Brent enregistre une baisse de 4,4% et s’établit à 72,92 dollars le baril.
Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale précise sa volonté de réduire l’assouplissement monétaire dans un contexte de poursuite de la reprise de l’économie. Le discours de Jerome Powell en ouverture du symposium de Jackson Hole s’est inscrit dans la lignée des minutes de la réunion de politique monétaire de juillet et confirme la volonté de la Réserve fédérale d’engager prochainement la réduction de son programme d’achat d’actifs. La décision sera prise en fonction des progrès vers l’objectif d’emploi, qui, bien que significatifs au cours des derniers mois, ne sont pas encore assez substantiels selon Powell. Le rapport d’emploi du mois de juillet publié par le bureau des statistiques du travail américain confirme effectivement la bonne reprise des embauches, avec 943 000 créations nettes d’emplois sur le mois. Par secteur, sans surprise étant donné le retard accumulé dans le creux de la crise, ce sont une nouvelle fois les secteurs du tourisme et des loisirs qui contribuent pour près d’un tiers à cette performance. Encore 5,7 millions d’emplois restent à créer pour retrouver le niveau d’emploi atteint avant le choc de mars et avril 2020. L’inflation américaine s’établit par ailleurs toujours à des niveaux historiquement élevés mais montre des signes de modération en juillet. L’inflation annuelle se maintient à 5,4%, un point haut en 13 ans, tandis que l’évolution des prix en rythme mensuel ralentit à 0,5% après 0,9% en juin. Ce ralentissement mensuel est particulièrement visible au regard de l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) qui ne progresse que de 0,3% en juillet soit un point bas depuis février dernier. Enfin, du côté de la politique budgétaire, le Sénat a voté en faveur du plan d’investissement dans les infrastructures avec 69 voix contre 30, le montant total du plan d’infrastructures s’établissant finalement à 1 000 Mds$ sur 5 ans, dont 550 Mds$ de nouvelles dépenses. Le plan doit désormais être approuvé par la Chambre des Représentants à majorité démocrate. Parallèlement, la Chambre a accepté de lancer la procédure de réconciliation qui pourrait permettre d’adopter le plan démocrate de 3 500 Mds$ portant sur l’éducation, la famille, la santé et le climat sans le soutien des Républicains.
En zone euro, les indicateurs de climat des affaires demeurent bien orientés au mois d’août mais semblent avoir atteint un pic. L’indice PMI Composite s’établit à 59,5, un niveau qui reste proche du sommet de 15 ans et qui indique un rythme de croissance encore soutenu, même s’il est inférieur de 0,7 pt au niveau du mois précédent. La production industrielle reste très affectée par les contraintes d’approvisionnement et les pénuries en juin. Malgré une demande dynamique, ces contraintes d’offre ne permettent pas à l’industrie européenne d’augmenter sa production. En revanche, la consommation poursuit son redressement en juin, dans un contexte de réouverture des commerces. Les ventes au détail ont en effet progressé de 1,5% sur un mois en volume, soit une croissance de 5% en glissement annuel. Elles continuent d’être supérieures à leur niveau d’avant crise et atteignent désormais un niveau record. Les prêts bancaires au secteur privé ralentissent légèrement en lien avec une moindre dynamique des prêts aux entreprises qui contraste avec la vigueur des prêts immobiliers. En effet, la croissance des prêts au secteur privé est passée de 3,1% en juin à 3% en juillet en glissement annuel et reste loin des 4,7% de décembre 2020. Pour ce qui est de la politique monétaire, le compte-rendu de la dernière réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE met à nouveau en lumière des désaccords sur la politique à suivre, avec une minorité de membres en désaccord avec les nouvelles orientations issues de la revue stratégique et considérant qu’elle est susceptible d’entraîner un dépassement persistant de la cible d’inflation.
Au Royaume-Uni, le PIB enregistre une croissance vigoureuse au deuxième trimestre à 4,8% par rapport au premier trimestre. Cette bonne dynamique reflète essentiellement les effets de la réouverture de l’économie, la consommation des ménages contribuant à hauteur de 4,1 points de pourcentage à la hausse trimestrielle de 4,8%. Du côté du marché du travail, les données restent également positives pour le deuxième trimestre avec un nouveau recul du chômage à 4,7%, soit 0,2 pt de moins qu’au premier trimestre.
En Chine, les données économiques pour le mois de juillet font état d’un ralentissement généralisé, avec l’ensemble des moteurs de croissance qui marquent le pas. La production industrielle affiche ainsi un ralentissement en glissement annuel, faisant écho à la perte de dynamisme des exportations, tandis que les ventes au détail et l’investissement en actifs fixes enregistrent eux aussi une croissance moindre en juillet. Ce ralentissement est lié en partie aux facteurs conjoncturels adverses qui affectent l’économie chinoise, au premier rang desquels les catastrophes naturelles (typhon et inondations dans le Henan) et le durcissement des restrictions accompagnant la dégradation de la situation sanitaire. Dans ce contexte, la banque centrale chinoise a mentionné la possibilité d’un nouvel assouplissement de la politique monétaire lors de la seconde moitié de l’année. Au Japon, les chiffres du PIB du deuxième trimestre font état d’un rebond modeste de l’activité, avec une croissance qui s’établit à +0,3% en variation trimestrielle, faisant suite à une contraction de -0,9% au 1er trimestre. Le léger rebond de la croissance est principalement le fait de la demande intérieure. La consommation privée gagne ainsi en dynamisme en dépit de la dégradation de la situation sanitaire et progresse de +0,8% en variation trimestrielle au deuxième trimestre.
Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, Markit, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.
Rédigé par
Léo BARINCOU
Analyste économique
Le 01 septembre 2021