Edito - Octobre 2023
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Plus près, plus sûr, plus cher.
Le mouvement de régionalisation s’accélère et se traduit dans les chiffres des échanges et des investissements directs entre les nations. Notre diagnostic déjà ancien de la fin du multilatéralisme et de la bipolarisation du monde se confirme. Il structure ainsi les plans des entreprises quand les épisodes du Covid et celui, en cours, de la guerre en Ukraine n’ont été que des facteurs d’accélération. Celles-ci doivent par ailleurs composer aujourd’hui avec un retour du politique dans la conduite des affaires industrielles sur fond de reprise en main par l’État des filières stratégiques et domaines « essentiels » pour sa population.
Que l’observation d’une inflation durable soit concomitante à cette refonte de la marche du monde ne doit pas surprendre. Le « doux commerce » semble bien ne plus être le paradigme et les multinationales apparaissent comme un modèle fragilisé par ce contexte d’affrontement protéiforme entre les pôles américain et chinois.
« Cette bascule vers une organisation moins mondiale mais davantage régionale voire locale renchérit à l’évidence les modes de production et de distribution mais les rend plus sûrs. C’est le prix de cette sécurité qui accompagne cette reconfiguration profonde des chaînes de valeur. »
Or ces stratégies de réduction des dépendances et d’autonomie s’imposent d’autant plus facilement comme un objectif premier que les bienfaits espérés du libre-échange en matière de convergence des valeurs universelles sur celles de l’Occident ne se sont pas réalisées. La gouvernance actuelle de l’ordre mondial est d’ailleurs remise en question par un certain nombre de pays en développement, dont la Chine se pose en champion. Cette dernière est engagée à construire une communauté des pays du sud avec un avenir commun, comme elle l’a souligné lors du dernier sommet du groupe des 77 (coalition regroupant des pays en développement aux Nations Unies).
La mondialisation a représenté pendant les 5 dernières décennies un extraordinaire mouvement déflationniste au prix de l’abandon et de la disparition de filières industrielles entières dans les pays occidentaux. Son inversion devrait s’accompagner d’une hausse durable des prix au bénéfice d’une reconstitution industrielle incertaine.
Rédigé par
Francis JAISSON
Directeur général délégué en charge de l'ensemble des Gestions, de la Commercialisation, de la Négociation et de l'ensemble des Recherches
Le 17 octobre 2023
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