Edito - Octobre 2021
Dazibao
Plus qu’un virage à gauche, les dernières mesures de reprise en main de l’administration chinoise traduisent la poursuite de la centralisation de l’exercice du pouvoir. L’emprise du Parti communiste s’exerce sur l’ensemble de la société chinoise, y compris sur ses pans économiques et financiers. Il ne faudra donc pas s’étonner que le cercle des affaires fasse l’objet – quel que soit les secteurs stratégiques et où que soient délocalisées les sociétés privées – de mesures de « redressement » dès qu’une posture ou un manque de coopération traduisent le moindre manquement d’adhésion et de soutien à la doctrine du président Xi Jinping.
Et le nombre de milliardaires en République populaire de Chine ne doit pas masquer la volonté affirmée de « prospérité commune ». Les réformateurs tentés par l’émancipation sont donc marginalisés et les voix révolutionnaires trop tièdes sont assourdies… Ainsi, les champions chinois des marchés de capitaux font l’objet de campagne de « rectification », quitte à mettre en péril leur survie industrielle ou leur positionnement concurrentiel international. Le projet est plus grand, plus global.
« A l’heure où la société chinoise apparait comme l’une des plus inégalitaires au monde, il y a urgence pour le Président chinois qui veut recentrer le modèle de croissance de la Chine sur son marché intérieur. »
Or, ce marché repose sur la prospérité d’une classe moyenne exposée aux risques d’une expansion désordonnée du capitalisme. Une priorité écornée par la faillite possible du promoteur immobilier Evergrande qui menace des milliers d’investisseurs particuliers à travers l’effondrement de son cours de bourse mais surtout les acomptes versés sur des logements à construire ou les produits d’épargne gérés par sa filiale financière. Une tension exacerbée par la crise de liquidité que pourrait faire naître Evergrande en ne remboursant pas ses banques. Car le groupe est le promoteur le plus endetté au monde avec près de 300 Md de dollars de passif.
Un passif qui s’inscrit dans le cadre d’un record inquiétant de l’endettement mondial public et privé qui devrait dépasser cette année les 300 000 Md de dollars $, soit près de 350 % du PIB mondial ! Une situation bien plus alarmante pour les marchés financiers que celle du mode d’organisation des pays émergents que d’ailleurs nos modèles occidentaux ne font plus rêver.
Rédigé par
Francis Jaisson
Directeur général délégué en charge de l'ensemble des Gestions, de la Commercialisation, de la Négociation et de l'ensemble des Recherches
Le 15 octobre 2021
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