Edito - Janvier 2023

Edito

Temps de lecture : 4 min

Le début d’un voyage

C’est en ces termes que la Présidente de la Banque centrale européenne avait décrit en juin dernier la fin des mesures extraordinaires de politique monétaire. Un long voyage où l’argent ne sera plus « facile » ni « bon marché » sous le double effet des arrêts progressifs des programmes d’achat d’actifs et de la hausse des taux directeurs, une première depuis 2011. Le début d’un nouveau périple qui s’éclaire quand on se remémore que ces mesures hétérodoxes avaient été conçues et mises en place en 2015 pour lutter contre le spectre de la déflation… Il était temps de changer la carte du voyage !

Les marchés de taux d’intérêt vont devoir apprendre à vivre sans le soutien de cet acheteur en premier ressort. Surtout, ils vont devoir se sevrer de liquidités jusque-là abondantes. Et c’est bien le premier défi de cette nouvelle année. Si les effets de levier des acteurs régulés sont maîtrisés par leurs autorités de supervision respectives, il n’en est rien des intermédiaires non bancaires.

« Cette finance de l’ombre fait peser un risque de stabilité financière évident par le jeu de leurs positions à levier dont les appels de marge peuvent s’accroître violemment au rythme de la volatilité de classes d’actifs illiquides. »

.

La liquidité pourrait donc bien être l’enjeu premier sur la route des marchés en 2023, car nous vivrons la séparation des chemins entre des politiques budgétaires toujours expansionnistes pour cause de soutiens nécessaires aux acteurs privés en quête de protection, et des politiques monétaires devenues restrictives. Un découplage de nature à provoquer une crise de liquidité.

L’autre effet de ce changement de cap majeur de la part des banques centrales sera de rendre intenable la situation des émetteurs les plus mal notés, la hausse des taux diminuant les ratios de couverture des intérêts. Une observation qui s’applique aux acteurs privés comme aux Etats, à l’image de la France dont l’endettement public devrait bientôt atteindre 3 000 Md d’euros avec une charge budgétaire de la dette de plus de 50 Md d’euros en 2023. Une forte hausse de cette dernière qui s’explique par les effets de la hausse des taux sur le coût de financement des nouvelles souches à émettre, mais surtout par la hausse de l’inflation qui renchérit considérablement la charge sur le stock des émissions d'obligations françaises indexées sur l’inflation…européenne.

Enfin, il semble que le début du voyage de la BCE puisse avoir des incidences dramatiques sur d’autres aspects sociaux et financiers, l’obligeant à rebrousser chemin.

Francis JAISSON
Directeur général délégué en charge de l'ensemble des Gestions, de la Commercialisation, de la Négociation et de l'ensemble des Recherches

Le 12 janvier 2023

Ce document est établi par Covéa Finance, société de gestion de portefeuille agréée par l’Autorité des Marchés Financiers sous le numéro 97-007, constituée sous forme de société par actions simplifiée au capital de 24 901 254 euros, immatriculée au RCS Paris sous le numéro B 407 625 607, ayant son siège social au 8-12 rue Boissy d’Anglas 75008 Paris. Ce document est produit à titre indicatif et ne peut être considéré comme une offre de vente ou un conseil en investissement. Il ne constitue pas la base d’un engagement de quelque nature que ce soit, ni une évaluation de stratégie ni aucune recommandation d’investissement dans des instruments financiers. Il contient des opinions et analyses générales et non personnalisées conçues par Covéa Finance à partir de données chiffrées qu’elle considère comme fiables au jour de leur établissement en fonction du contexte économique, mais dont l’exactitude et la validité ne sont toutefois pas garanties.  Les opinions exprimées dans le document peuvent faire l’objet de modifications sans notification. Covéa Finance ne saurait être tenue responsable de toute décision prise sur la base d’une information contenue dans ce document. Ce document est la propriété intellectuelle de Covéa Finance. Toute Utilisation (définie ci-après), reproduction ou diffusion de tout ou partie du présent document devra faire l’objet d’une autorisation préalable de Covéa Finance. Le destinataire du présent document a connaissance et accepte que les  données chiffrées, permettant d’établir les opinions et analyses générales et non personnalisées, peuvent être soumises à l’acquisition de droits vis-à-vis de tiers. Par conséquent, les données chiffrées ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’une quelconque Utilisation par le destinataire du document sans l’acquisition préalable des droits nécessaires directement auprès des tiers détenteurs de ces droits. Par ailleurs,  le destinataire du présent document a connaissance et accepte  que Covéa Finance ne sera en rien responsable de toute utilisation faite desdites données chiffrées et assumera seul toutes les conséquences vis-à-vis des tiers détenteurs des droits associés à ces données.  L’ « Utilisation » s’entend comme, et de manière non limitative, la manipulation de la donnée chiffrée, la distribution, la redistribution, l’intégration dans un système d’information ou dans des documents de tous types.