Edito - Avril 2022

Edito

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Moment de vérité

Il est frappant de voir comment les derniers chiffres du ratio Dette sur PIB français ont été commentés. Certains se sont en effet félicités qu’il ne s’élève en définitive qu’à 112,9%, grâce à une croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) - le dénominateur du ratio - porté lui-même par l’inflation et …l’endettement. Une constatation affligeante qui n’est d’ailleurs pas une surprise puisque l’on compare un stock à un flux ! Les dépenses publiques représentent maintenant près de 59,2% du PIB (vs 55,6% en 2019) sous l’effet des plans d’urgence et de relance. Et le coût du service de cette dette devrait s’accroître encore davantage avec la remontée des taux qui s’amorce.

    La hausse des taux se poursuivra alors que les pressions inflationnistes se diffusent. Car si l’ensemble des acteurs industriels ne sont pas touchés directement par la paralysie des marchés ukrainiens et russes, les difficultés sont partagées par tous. L’envolée des prix de l’énergie, les tensions sur les matières premières minérales et agricoles et les pénuries de composants électroniques sur fond de confinements chinois, affectent tous les pans économiques, où qu’ils soient. Et les problèmes logistiques rencontrés par les transits internationaux ne sont qu’un avant-goût de ce qui arriverait avec la paralysie du détroit de Taïwan… Dans le même temps, la perte de pouvoir d’achat des ménages devrait accroître les revendications pour un partage de valeur ajoutée plus favorable aux salariés. Une tendance déjà à l’œuvre avant la pandémie et décrite dans nos Perspectives Economiques et Financières.

 

Or les marchés financiers ne reflètent pas cette impasse de la dette et les indices boursiers ne sont pas très loin de leurs plus hauts niveaux. La correction des écarts par rapport aux grands équilibres macroéconomiques et financiers devra pourtant avoir lieu. Dans la zone euro, elle mettra à l’épreuve les instances communautaires 

« La solidarité européenne pourrait à nouveau être éprouvée sur fond de retour du politique à l’échelle des pays membres, de quête de maîtrise des secteurs stratégiques nationaux, et de remise en cause de la communauté de destin de l’Union européenne dans le cadre de la gestion de la dette commune. »

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   Dans ce moment de vérité, l’heure des choix sonnera au-delà de la zone euro. Le conflit ukrainien a montré qu’il était difficile de conserver une position de non-aligné et la pression est grande sur chaque pays pour se positionner dans le duel Etats-Unis vs Chine. Choix aussi, sur le chemin de la transition écologique, entre la protection de notre capital environnemental et l’accompagnement nécessaire des populations. Choix enfin, dans le mouvement de réorganisation des chaînes d’approvisionnement et de souveraineté industrielle et énergétique entre la sécurité des citoyens consommateurs occidentaux et le risque de mettre à mal le cercle vertueux entre pays émergents et pays plus avancés de l’ancien schéma de la mondialisation. Ne pas choisir n’est pas une option pour nos gouvernants ; ils auront à subir leur décision.

 

Rédigé par

Francis Jaisson
Directeur général délégué en charge de l'ensemble des Gestions, de la Commercialisation, de la Négociation et de l'ensemble des Recherches

Le 11 avril 2022

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