Eclairage sur les marchés financiers face à la crise ukrainienne

Éclairage sur
Europe

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La guerre n’est plus aux portes de l’Europe, elle est en Europe.

Elle oppose deux Etats avec une large histoire commune, tout comme leur culture, leurs langues. L’une a été rejetée de la communauté internationale, l’autre ne rêvait que de rejoindre l’Union européenne.

Factuellement, la Russie est l’agresseur et l’Ukraine l’agressé quoique l’on puisse s’interroger sur les pratiques de l’OTAN, une organisation en état de « mort cérébrale » selon notre président de la République, il n’y a pas si longtemps.

L’Union européenne profite habilement de la situation pour renforcer ses prérogatives comme à la suite de la crise financière de 2008 et ses répliques : la crise bancaire et la crise des dettes publiques en Europe. On peut se demander où tout cela va mener le monde mais surtout l’Europe, dont l’épidémie a révélé l’ampleur de sa dépendance aux chaînes mondiales éclatées dont une grande partie passe obligatoirement par la Chine, seconde puissance mondiale, en conflit ouvert avec les Etats-Unis.

L’Europe dépend du gaz russe comme du gaz américain mais aussi, des méthaniers chinois et coréens. L’Union européenne a choisi son camp en décidant de financer et de livrer des armes à l’Ukraine. Une Union européenne à l’ambition assumée d’un changement de modèle de croissance à marche forcée avec l’élimination rapide des énergies fossiles.

Une longue introduction pour expliquer l’étonnement et l’inquiétude légitimes que suggèrent les comportements des marchés financiers dans le monde anglo-saxon comme en Europe continentale. Certes les marchés actions ont corrigé, certes les primes exigées sur les obligations privées se sont écartées par rapport aux taux d’intérêt des obligations souveraines. Mais ces derniers ont peu varié.

Les marchés se sont plus ou moins stabilisés depuis que Kiev est sous le feu des bombes russes. La semaine dernière nous nous interrogions sur le rôle à venir des banques centrales, en particulier la FED et la BCE.

Allaient-elles rester centrées sur leurs préoccupations du moment, une inflation qui ne demande qu’à s’installer durablement, ou bien allaient-elles apporter une réponse monétaire à une crise géopolitique ?

Il semble que les marchés aient décidé que les banques centrales joueraient la carte géopolitique. Les marchés actions résistent parce que les marchés de taux ne s’emballent ni dans un sens ni dans l’autre, parce que ces marchés ont corrigé leurs anticipations de resserrement monétaire. Ils estiment que les banques centrales vont devoir temporiser dans la normalisation de leur politique. Une offre de monnaie à bas prix en abondance et une croissance économique en partie entretenue artificiellement sont perçues comme favorables aux entreprises et soutiennent les valorisations.

Mais les entreprises voient les conditions économiques et financières des affaires se durcir. Elles faisaient déjà face au triple défi de la désorganisation des chaînes d’approvisionnement, de la hausse des prix de l’énergie et des transports, des pressions salariales dues en partie à des contraintes sur le facteur travail. Elles vont devoir faire face à la perte de débouchés, la réorganisation de leurs fournisseurs à la fois pour des raisons politiques mais aussi réglementaires dans le cadre d’une transition énergétique accélérée tout en ayant à subir des pressions inflationnistes toujours plus fortes et peut-être aussi une insécurité énergétique grandissante en Europe.

Le choix des supports d’investissement devient un sport acrobatique de haut niveau pour les investisseurs institutionnels. Allocation géographique, choix de valeurs portés par des analyses approfondies des chaînes d’approvisionnement et des débouchés sont aujourd’hui des clés.

Dans le contexte actuel, il est difficile de dire quelle classe d’actif, quel actif cote à son juste prix.

De la persévérance dans l’analyse, dans le diagnostic, du courage dans la décision, une évaluation des risques que l’on est capable de supporter, d’accepter restent les ingrédients indispensables dans la prise de décision dans un monde qui d’incertain en période de pandémie est devenu imprévisible.

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Rédigé par
Ghislaine Bailly - Présidente de Covéa Finance

Ghislaine Bailly,
Présidente de Covéa Finance

Le 1er mars 2022

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