Des marchés financiers ébranlés après la faillite de SVB Financial
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Les marchés financiers ont connu une semaine très agitée, se traduisant par une chute de la bourse américaine emportée par la faillite d’un établissement bancaire emblématique (SVB Financial, principale banque de financement de l’écosystème d’innovation : start up, venture cap, private equity).
Avec un total de bilan supérieur à 200 Mds $, cette faillite est la deuxième plus importante de l’histoire bancaire américaine. Après Silvergate Capital et avec Signature Bank, ce sont 3 banques en faillite en 10 jours. La chute de SVB Financial repose principalement sur une mauvaise adéquation entre la duration de ses actifs et de ses passifs dans un contexte de remontée brutale des taux d’intérêt. Confrontée à une importante et soudaine crise de confiance, la banque a dû faire face à des retraits de dépôts s’élevant à 42 Mds $ dans la seule journée de jeudi (soit un quart du total de ses dépôts), se retrouvant ainsi dans l’incapacité de céder suffisamment d’actifs sans matérialiser d’importantes pertes. Dès vendredi, elle a été mise sous la tutelle de la FDIC (organisme de garantie des dépôts bancaires) afin d’organiser le processus de liquidation.
Sans être une des principales banques américaines, SVB Financial comportait pourtant des éléments systémiques : 95% des dépôts des clients (notamment des entreprises) dépassaient le seuil de garantie de la FDIC, à savoir 250.000 $. Le risque qu’une grande partie des clients soit dans l’incapacité de récupérer leur trésorerie était donc réel. A ce titre, la Fed est intervenue au cours du weekend pour déplafonner le montant de la garantie des dépôts pour tous les déposants de SVB Financial et de Signature Bank. Même si cette mesure limite les risques qu’un grand nombre d’entreprises soient dans l’impossibilité de payer les salaires de leurs collaborateurs, leurs loyers, leurs fournisseurs… les ramifications économiques restent profondes à court terme (choc de confiance, défiance sur la stabilité bancaire…). A moyen et long terme, les questions sur le financement de l’économie aux Etats Unis se posent compte tenu d’une possible volonté des banques de réduire l’octroi de crédits.
Plus généralement, la brutalité des évènements et leurs conséquences macroéconomiques viennent reposer la question des difficultés de la banque centrale américaine. Alors que d’un côté les conséquences des hausses de taux rapides et répétées commencent à produire des effets sur le financement de l’économie – et c’est l’effet recherché - , d’un autre côté l’inflation demeure élevée et la dynamique de création d’emplois toujours soutenue. Nul doute que le risque d’une instabilité financière contraigne la Fed à opérer des choix difficiles. Respecter son mandat consistant à garantir la stabilité des prix et le plein emploi, ou devoir à nouveau prioriser la stabilité financière, à un moment où l’inflation est encore loin d’être sous contrôle ? La réunion de la Fed du 22 mars s’avère cruciale à cet égard. Entre l’incertitude sur la conduite de la politique monétaire et le risque d’une dégradation rapide de l’environnement économique et financier, les prochaines semaines pourraient continuer d’être difficiles sur les marchés financiers. La surveillance des marchés monétaires et interbancaires mondiaux vont rester au cœur des préoccupations des équipes de Covéa Finance. Et de manière générale, l’importance des liquidités en portefeuille nous permettent de résister et de nous tenir prêts à saisir des opportunités.
Vincent HADERER
Responsable du pôle Gestion Actions Amérique & Monde
Le 15 mars 2023