Australie : la consommation se modère

Réaction économique
Monde

L’activité australienne surprend à la baisse au troisième trimestre.

La consommation, principal moteur de l’économie, se modère alors que le bilan financier des ménages ne montre pas de signe d’amélioration. L’investissement ralentit également malgré le soutien d’importants investissements publics en infrastructure. Enfin, les dépenses publiques, en augmentation, apportent un soutien à l’économie. Sur l’année la croissance australienne ralentit donc pour atteindre 2,8 %.

Pour autant, l’économie australienne, qui enregistre une croissance positive depuis plus de vingt ans, demeure dynamique et devrait figurer, en 2018, parmi les pays développés affichant la plus forte croissance. Les faiblesses structurelles de l’Australie, sa forte dépendance commerciale à la Chine et aux matières premières ainsi que l’endettement élevé des ménages et son exposition au marché immobilier, demeurent toutefois des axes de faiblesse qui, s’ils venaient à se matérialiser, pourraient lourdement peser sur le dynamisme de l’économie australienne.

« La consommation, bien qu’en modération, demeure, avec les dépenses publiques, le principal moteur de la croissance »

Pierre Bossuet

Australie : Contribution à la croissance annuelle (volume, CVS)

 

Une croissance portée par la consommation privée et publique

« La consommation des ménages continue de soutenir la croissance mais ralentit au troisième trimestre »

Pierre Bossuet

L’activité australienne a surpris à la baisse au troisième trimestre 2018 en affichant une progression trimestrielle de 0,3 %, portant ainsi la croissance annuelle à 2,8 %.

La consommation des ménages, principal moteur de l’économie, a faibli comme pouvait le laisser présager la moindre progression des ventes au détail au troisième trimestre. Après avoir progressé de 0,9 % le trimestre précédent, la consommation ralentit à 0,3% sur fond de modération des dépenses en biens durables. Bien que la consommation se maintienne, le ralentissement de la dynamique de la demande met en exergue le caractère préoccupant du bilan financier des ménages.

En effet, la situation des ménages australiens apparaît fragile et ne montre pas, depuis plusieurs trimestres, de signe d’amélioration. La dette des ménages australiens poursuit sa progression et représente plus de 190 % du revenu disponible, ce qui la place parmi les plus élevées au niveau mondial. Une large partie (75 %) de cette dette est constituée de dette hypothécaire et est donc exposée à un retournement du marché immobilier australien, actuellement en ralentissement. La capacité des ménages à se désendetter à court terme apparaît limitée alors que la progression des dépenses de consommation est supérieure à celle du revenu disponible et entraine une diminution continue du taux d’épargne, qui atteint désormais son plus bas niveau depuis la crise de 2008 à 2,4 % du revenu disponible

Autre facteur de modération sur le trimestre, l’investissement privé recule de 0,8 %. Cette baisse est toutefois compensée par la forte hausse de l’investissement public, porté notamment par d’importants projets d’infrastructures. Au total l’investissement progresse faiblement pour le deuxième trimestre consécutif. Au-delà de l’investissement, la dépense publique, toujours tirée à la hausse par les dépenses liées au déploiement du régime d’assurance d’invalidité nationale, continue de soutenir l’économie.

Enfin, la balance commerciale affiche, en volume, une augmentation de son excédent sur le trimestre en raison d’une réduction des importations. Les exportations, principalement composées de matière premières, n’ont que faiblement progressé en raison d’une diminution des exportations de minerai de fer. La contribution du commerce à la croissance est toutefois compensée par la dynamique des stocks qui, bien qu’en augmentation, progressent moins que le trimestre précédent et grèvent ainsi la croissance trimestrielle.

Avec une croissance plus faible qu’anticipée au troisième trimestre, l’économie australienne affiche un acquis de croissance de 2,2 % sur l’année (croissance qui sera atteinte si l’économie stagne au prochain trimestre). La Banque Centrale Australienne, qui a récemment augmenté ses perspectives de croissance pour 2018 à 3,5 %, pourrait donc être amenée à revoir ses prévisions à la baisse. Pour autant, et malgré ce ralentissement, la croissance de l’économie australienne devrait se maintenir sur des niveaux relativement élevés par rapport à la moyenne des pays du G7.

Australie : Contribution à la croissance trimestrielle (volume, CVS)

 

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Rédigé par

Pierre Bossuet

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