L'histoire nous donne raison...

Entretien avec Ghislaine Bailly

L’année 2021, la deuxième de la pandémie mondiale de Covid-19, aura été marquée par l’émergence régulière de nouveaux variants. Un rythme incertain qui a maintenu le monde, l’économie et les entreprises sous pression, tout en précisant les contours du nouvel ordre mondial post-crise sanitaire.

Depuis plus de dix ans, l’analyse de l’environne ment économique et financier défendue par Covéa Finance identifie deux axes majeurs. D’une part, la remise en cause du multi latéralisme et la tendance à une organisation économique plus régionalisée. D’autre part, la montée en puissance de l’Asie, le continent du XXIe siècle, la crise financière de 2008 ayant sonné le glas d’une mondialisation heureuse.

À nos yeux, 2021 s’est caractérisée par la généralisation d’une prise de conscience déjà initiée en 2020, celle de la remise en cause du commerce mondial tel que nous le connaissions, organisé sur les bases du multilatéralisme posées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette prise de conscience fait suite à la mise en lumière de la dépendance des pays occidentaux au continent asiatique, en particulier à la Chine et à l’Inde, qui s’est traduite par une désorganisation planétaire des chaînes de production particulièrement préjudiciable aux pays occidentaux.

Ainsi nos intuitions, soutenues par nos analyses factuelles de données, se confirment-elles aujourd’hui. L’histoire nous donne raison.

Ces évolutions se traduisent par un monde plus conflictuel. La confrontation, plutôt que la négociation, s’installe dans les relations internationales. L’arrivée du nouveau président des États-Unis, Joe Biden, n’a en rien atténué les tensions avec la Chine, seconde puissance mondiale en termes de PIB, ni avec la Russie. L’année 2021 a vu, au contraire, l’exacerbation de ces tensions, contrairement à ce que l’Europe imaginait. Le nouveau monde qui se dessine est donc extrêmement difficile à vivre pour cette dernière, dépendante de l’énergie russe, de la production chinoise, du marché des consommateurs chinois et, enfin, de la protection militaire américaine, tout comme de son vaste marché de la consommation.

L’année 2021 a également été une année de confirmation des choix politiques opérés en 2020 : restrictions préoccupantes des libertés individuelles dans les pays occidentaux, mise à l’arrêt ou ralentissement des activités aux effets négatifs, en partie compensés par des mesures budgétaires au coût financier astronomique qui vont peser sur la croissance future. L’alliance des politiques monétaires et budgétaires a favorisé une nouvelle hausse vertigineuse des marchés boursiers dans les pays occidentaux, une bulle supplémentaire qui vient s’ajouter à d’autres bulles dont celle de l’immobilier.

Pour résumer, 2021 correspond à une année de transition, en particulier pour l’Europe. Les gouvernements de l’Union européenne, plus que toute autre région dans le monde, ont fait le choix de tirer parti des deux ans de crise sanitaire pour imposer un changement de modèle économique avec l’abandon accéléré des énergies fossiles : une divergence de plus dans un monde qui ne cesse de diverger, caractérisé par un déplacement de l’épicentre de l’Atlantique vers le Pacifique. Car nous en sommes convaincus : la transition énergétique et écologique va creuser un peu plus profondément le fossé qui sépare les différentes zones géographiques, dans un monde en pleine mutation.

Ce contexte a, et aura, un impact significatif sur la stratégie d’investissement de Covéa Finance. La transition écologique réalisée à marche forcée en Europe se traduit par une anarchie dans l’approche ESG (Environnement, Social, Gouvernance), l’investisseur étant confronté à de multiples méthodes d’analyse et d’évaluation quantitatives. Les entreprises que nous accompagnons dans leur croissance par nos investissements se trouvent confrontées aux mêmes difficultés. Or les obligations de transparence en matière d’ESG se sont considérablement accrues sur les entreprises faisant appel à l’épargne publique, ouvrant la voie à des stratégies d’entreprise parfois antagonistes au sein d’un même secteur.

Cependant, à l’heure où nous achevons ce rapport, nous savons d’ores et déjà que le conflit opposant la Russie et l’Ukraine, s’il confirme l’émergence d’un monde moins coopératif, peut potentiellement remettre en cause des évolutions que nous pouvions tenir pour acquises. Par exemple, le changement de modèle économique avec l’élimination des énergies fossiles dans un horizon extrêmement court voulu par l’UE peut être remis en question. L’exposition de cette dernière aux conflits à ses frontières impose des dépenses militaires en hausse et la nécessité d’une sécurité énergétique associée. La dépendance à la Russie et à l’Ukraine en métaux nécessaires à la transition écologique ne lui permet plus d’assumer une transition dans le temps fixé et suivant le chemin prévu. Ainsi, 2022 devrait être encore une année de défis.

Dans cet environnement, Covéa Finance dispose des outils et des méthodes pour bien comprendre le présent et décrypter le futur. Forts de notre approche rigoureuse, de notre recherche indépendante et de nos atouts collectifs, nous poursuivons notre démarche de long terme, tout en saisissant les opportunités que nous offre ce nouvel ordre mondial pour le bien de nos clients, et toujours à leur service.

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