France : Une amélioration lente et fragile du marché du travail

Réaction économique
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EN BREF

  • La publication, dans la soirée du 25 mai par la DARES, d’un deuxième mois consécutif de baisse en avril du nombre de demandeurs d’emploi est l’occasion pour nous de vous proposer un arrêt image sur les récents développements du marché du travail en France, dans un contexte social particulièrement agité contre la loi dite « El Khomri », visant  justement à infléchir structurellement la courbe du chômage.
  • Sur le mois d’avril, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, sans aucune activité et en recherche active, a reculé de 19 900 chômeurs. En y incluant les demandeurs d’emploi des catégories B et C, exerçant une activité plus ou moins réduite sur le mois mais étant tenus d’effectuer des recherches, ce nombre recule de 57 100 chômeurs. Cette dernière donnée est à prendre avec la plus grande prudence, un biais calendaire ayant selon pôle emploi poussé anormalement à la hausse les sorties de cette statistique pour défaut d’actualisation.
  • Au-delà de la volatilité désormais habituelle des chiffres de pôle emploi, au regard des dynamiques observées sur les 12 derniers mois, nous relevons une tendance à l’amélioration lente du marché du travail en France. Cette évolution est conforme aux observations des données trimestrielles de créations d’emploi de l’INSEE, positives sur les 4 derniers trimestres, avec une création cumulée de près de 107 000 emplois.
  • Néanmoins cette amélioration ne concerne pas encore l’ensemble des secteurs d’activité de l’économie française, et certaines trajectoires, à l’image de la forte hausse des sorties pour motifs de stage ou radiations administratives, soulèvent encore des questions sur la « qualité » de cette récente embellie.

Baisse du nombre de chômeurs en avril

En avril, pour le deuxième mois consécutif, le nombre de chômeurs de catégorie A, sans emploi et en recherche active, a reculé de 19 900 chômeurs. Le nombre de chômeurs de catégorie A s’établit désormais à plus de 3,511 millions de demandeurs d’emplois. En élargissant aux catégories B et C, incluant les demandeurs d’emploi exerçant une activité réduite courte ou longue, le recul du nombre d’emploi est très marqué, avec une baisse de 57 100 chômeurs sur le mois, soit un mouvement quasi historique depuis 1996. 

Marché du travail

Ce mouvement confirme la difficile lecture des données mensuelles du chômage publiées par la DARES et pôle emploi, données qui sur les dernières années nous ont habitué à des mouvements pour le moins étonnants et volatils. Sur ce mois, la DARES attribue dans son communiqué la très forte hausse des sorties de la comptabilisation des chômeurs au grand nombre inhabituel de jours non ouvrés en avril, ayant pu perturber les actualisations des situations des chômeurs inscrits à leur registre. 

Au-delà de cette anomalie, nous relevons également une dynamique toujours forte des sorties de pôle emploi pour radiations administratives et entrées en stage, soit une vision plus nuancée sur la qualité réelle de cette baisse du nombre de chômeurs observée sur les derniers mois.

Marché du travail

Au global, il est nécessaire de conserver une grande prudence dans l’analyse des mouvements mensuels publiés par pôle emploi. Néanmoins, en observant les dynamiques à plus long terme et en mettant en relation ces chiffres avec les données de l’INSEE des créations trimestrielles d’emploi, nous relevons des signaux encourageants illustrant tout de même une amélioration tendancielle du marché du travail.

Au-delà de la volatilité, des signaux encourageants sur le marché du travail

En se focalisant sur les tendances de moyen terme, plusieurs chiffres de pôle emploi semblent attester d’une amélioration du marché du travail. 

Au regard du solde cumulé du nombre de demandeurs d’emploi des catégories A à E, incluant les demandeurs d’emploi non tenus de rechercher un emploi pour cause de formation, maladie, création d’entreprise ou en emploi aidés, le nombre total d’inscrit est désormais en baisse de 77 100 relativement à son point haut de décembre 2015, où ce solde se portait à près de 6,177 millions personnes.

Marché du travail

Autres indices publiés par la DARES, les offres d’emploi collectées mensuellement confirment leur tendance haussière engagée il y a de cela un an. Cette hausse des offres d’emplois, concomitante avec l’accélération modérée de la croissance française, est tirée par une augmentation des offres d’emplois durables (pour des contrats de plus de 6 mois) et concerne autant les offres destinées aux cadres, aux employés qualifiés, aux agents de maitrise, techniciens que les offres à destination des employés non qualifiés (voir graphiques détaillés en annexe).

Marché du travail

Les évolutions trimestrielles du nombre d’employés publiées récemment pour le premier trimestre 2016 par l’INSEE illustrent une reprise des créations d’emploi observées sur les quatre derniers trimestres, corroborant la tendance relevée au travers des données mensuelles du nombre de chômeurs. Ainsi,  107 000 emplois ont ainsi été créés sur la période, principalement dans le secteur tertiaire, alors même que les secteurs de l’industrie et de la construction poursuivent des ajustements à la baisse de leurs effectifs. Plus finement, nous notons que les secteurs les plus dynamiques sur l’année 2015 ont été les secteurs de la distribution, du commerce, des supports techniques et scientifiques.

Marché du travail

Une amélioration contrastée et fragile

Au global, au-delà des chiffres et de la volatilité mensuelle des données publiées par la DARES, une approche au regard des tendances de moyen terme confirment une amélioration lente du marché du travail français. Cette amélioration ne concerne pas encore l’ensemble des secteurs d’activité de l’économie française, et certaines trajectoires, à l’image de la forte hausse des sorties pour motifs de stage ou radiations administratives, soulèvent encore des questions sur la « qualité » de cette récente embellie. 

Marché du travail

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Rédigé par

Frédéric Kleiss
le 26 Mai 2016